À quoi joue le Pds ?

Le Parti démocratique sénégalais (Pds) est réellement absent du dialogue politique. Cette absence volontaire s’inscrit du reste dans la logique du boycott de la dernière présidentielle de février 2019 par les libéraux. Le Pds devient ainsi un véritable cas politique singulier sous le règne de la seconde alternance.

L’histoire politique électorale et démocratique du Sénégal porte incontestablement l’empreinte personnelle de l’ancien Président de la République, Me Abdoulaye Wade. Le fondateur du Pds a été de toutes les batailles politiques et électorales sous le règne des Présidents Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf.

Il est à ce titre, l’incarnation majeure de l’idéal du changement de régime au Sénégal, de la justice sociale et des avancées de la démocratie pluraliste sénégalaise. Le  Pds serait, à bien des égards, le principal acteur et artisan des dialogues politiques entre le pouvoir socialiste et ses adversaires.

Le code électoral consensuel de 1992, l’élargissement du pouvoir à l’opposition, l’avènement de la première alternance au Sénégal ; après 4 décennies de règne exclusif, l’existence d’une presse privée de qualité, sont le résultat de cet engagement du Pds dans le changement de régime et le renforcement de la démocratie pluraliste. Comment alors comprendre les choix  radicaux de ce parti artisan de la démocratie, de l’apaisement social et de la contribution à l’État de droit ? C’est là un changement de cap dans les orientations fondatrices des choix d’un parti qui s’est défini, dès ses origines, au titre de parti de contribution.

Pour la première fois de son histoire mouvementée avant son accession au pouvoir en mars 2000, le Pds invite les électeurs sénégalais à la violence de masse, à un boycott de la présidentielle de février 2019.

Le choix du boycott  du dialogue est inédit dans l’évolution de la formation libérale. Depuis sa création en 1974, à son accession au pouvoir en mars 2012, le Pds est l’un des rares partis à faire du dialogue politique une condition majeure  de l’organisation des élections, du jeu politique libre et transparent.

Cette posture singulière du Pds à l’occasion d’une Présidentielle et d’un dialogue national témoigne de la persistance d’un conflit politique entre le président en exercice et son prédécesseur, d’un côté ; et entre la seconde alternance et le Pds, de l’autre côté.

Évidemment, il est difficile de pénétrer en profondeur la complexité de ce  changement radical du comportement du Pds sous le règne de la seconde alternance, alors qu’il a été l’artisan majeur du dialogue entre le pouvoir socialiste et son opposition de l’époque. Les problèmes personnels ont-ils pris le dessus sur l’intérêt général du Sénégal ? À quel jeu politique se livrent les libéraux ?

On ne peut répondre de manière catégorique  par l’affirmative à ces questions. L’emprisonnement du Candidat du Pds, par ailleurs fils de l’ancien Président de la République, a apparemment empoisonné les relations entre l’actuel et l’ancien Président de la République.

Au-delà de la dimension personnelle de ce conflit politique et familial entre le Président de la République et son ancien leader, force est de constater que les relations humaines et politiques entre la seconde alternance et l’ancien parti libéral au pouvoir ont été conflictuelles tout au long du premier mandat présidentiel de 2012.

Les jeunes du Pds et de nombreux responsables politiques nationaux et régionaux ont séjourné en prison sous la deuxième alternance. Les raisons de ces emprisonnements touchent particulièrement à l’offense au chef de l’État, à des manifestations interdites et aux injustices sociales et politiques. Ce rapport heurté entre libéraux et républicains se poursuit  sous la forme du  boycott du dialogue par le Pds.

Le Pds ne mesure probablement pas les conséquences à court, moyen et long terme de son choix radical. Il est de plus en plus  isolé dans le paysage politique. Le leadership libéral n’est pas encore effectif dans les rangs de l’opposition au régime républicain. La présence symbolique de son  coordonnateur, à titre personnel, cristallise un malaise interne quasi institutionnel qui ne cesse de grandir dans les rangs du Pds.

Président Abdoulaye Wade, exerce dès lors, dans ce contexte de délitement de l’autorité de la seule constante idéologique, moins d’influence sur les comportements des responsables du Pds et les choix politiques des libéraux.

Mamadou SY Albert

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