Après Tanor, pourquoi ne pas supprimer le Hcct ?

Avec les turbulences budgétaires qui frappent sa gouvernance, Macky Sall devrait supprimer le Hcct ou, à tout le moins, penser à le rendre moins budgétivore. Ce qui ne serait point trahir la mémoire de celui pour qui cette institution purement consultative semblait avoir été fabriquée sur mesure.

Par El Hassane SALL

Le décès d’Ousmane Tanor Dieng coïncide avec de grosses difficultés financières de l’État, contraignant le président de la République à dissoudre une quinzaine d’agences et à envisager la fermeture de consulats et autres bureaux économiques. Macky Sall devrait également songer à poser sur la table l’avenir du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct). Parce que, à bien y regarder, le Hcct n’est utile que pour les politiciens et ne rapporte rien aux populations. Une institution qui a été créée dans le but de donner à «un allié loyal et fidèle» des moyens d’intervention pour résister à l’ascension fulgurante d’un adversaire qui pouvait faire tomber tous les projets de sa réélection à l’eau. Maintenant que son vœu s’est réalisé et qu’il n’y a pratiquement plus d’enjeu étant donné qu’il en est à son dernier mandat, cette institution devient encombrante et grève le budget national.

De la même manière qu’il avait dissout en septembre 2012 un Sénat jugé inopportun et budgétivore pour soulager la souffrance des populations, le Président Sall doit aujourd’hui en faire de même avec le Hcct, car justement, la souffrance des Sénégalais s’est accrue avec la cherté de la vie et la hausse tous azimuts des prix des produits de consommation. En supprimant le Sénat, le Président Sall avait décidé de consacrer les 8 milliards de budget d’institution à la résorption des inondations, entre autres projets. «Le rêve de mon ambition pour le Sénégal demeure la satisfaction de chaque Sénégalais et de chaque Sénégalaise qui a droit à une vie décente», disait Macky Sall.

Aujourd’hui, le budget du Hcct qui était de 7,3 milliards en 2018 est fixé pour cette année 2019 à 8 milliards 640 millions Cfa, soit une hausse de 340 millions Cfa. Une manne financière assez importante qui pourrait être utilisée dans le secteur de la santé par exemple, où le projet de création d’un centre de traitement des grands brûlés tarde à voir le jour tout simplement, parce que l’État n’a pas encore trouvé les 3 milliards pour financer cette infrastructure. Une infrastructure combien importante pour les populations, car chaque année, on enregistre 20 mille cas de brûlés au Sénégal où les 2000 décèdent d’infection, faute de structure dédiée. Les insuffisants rénaux ont aussi besoin de machines de dialyse, qui actuellement sont en quantité insuffisante vu la demande qui est de loin supérieure à l’offre. On aurait pu multiplier les cas à l’infini pour démontrer que les ressources financières du Hcct pourraient bien être réinvesties dans des secteurs utiles aux populations.

Il est temps que les gouvernants tiennent compte des priorités de leurs mandants en prenant le soin d’investir l’argent public dans des domaines allant dans le sens d’améliorer leur vécu quotidien, et non pour la satisfaction de leur clientèle politique.

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