Nécessité de parler au frère du Président de la République (Mamadou SY Albert)

Aliou Sall, le frère du Président de la République, Macky Sall, sera probablement, malgré lui et la volonté de sa famille, au centre de ce deuxième mandat présidentiel. Il sera l’objet d’une controverse républicaine. C’est le moment de parler au frère du chef de l’État, des enjeux actuels et futurs de l’exercice du pouvoir étatique sous la deuxième alternance survenue en mars 2012.
La deuxième alternance politique a porté démocratiquement au pouvoir le Président de la République, Macky Sall. C’est le choix d’un peuple souverain acquis à l’idéal de la démocratie et des valeurs républicaines.
Ce choix libre et transparent aura réconforté tous les républicains sénégalais acquis à cette cause fondatrice de la République émergente au début de l’année de l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale.
C’est la signification et la portée de l’arrivée au pouvoir du Président de l’Alliance pour la République et de la coalition Macky 2000. Le président élu incarne, à n’en pas douter, cette histoire de son peuple et cette forte aspiration des citoyens à tourner la page des conflits d’intérêts politiques et familiaux au sommet de l’État et de l’exercice du pouvoir du Président Abdoulaye Wade. L’irruption progressive du frère du président de la République, Aliou Sall, a pris désormais une dimension éminemment politique au fil de son entrée dans le champ politique sénégalais : maire de Ville, Président de l’Association des Maires du Sénégal, Directeur général de la Caisse de Dépôt et de Consignation, Consultant.
Cette irruption pèse et devient présentement l’objet d’une controverse politique. Les aléas politiques et pétroliers jouent naturellement une fonction singulière en grossissant la place du frère du Président de la République dans la gouvernance de l’État et des collectivités territoriales, sans oublier ses liens biologiques et son influence politique dans la région de Dakar.
Le contrat entre Pétro-Tim et le Sénégal, la gouvernance des contrats pétroliers et la gestion de la Caisse de Dépôt et de Consignation, ont accéléré la tension  politique et familiale entre le Président de la République, son frère, sa belle famille, ses amis et les acteurs de l’opposition sénégalaise.
En dépit de la volonté du chef de l’État de clarifier les termes des contrats pétroliers, sa vision de la gouvernance des ressources nationales et la place des liens familiaux dans le fonctionnement de son régime, force est de constater que le débat national se focalise de plus en plus sur les épaules de son frère, et les risques de dérapage de la République. Le maire de Guédiawaye a choisi de renoncer à sa fonction de Directeur général de la Caisse de Dépôt et de Consignation.
Il vient de se soumettre aux interrogations de la Direction des investigations criminelles en charge de l’information judiciaire à propos des contrats pétroliers entre le Sénégal et ses partenaires exploitant l’or noir.
Ces deux actes d’apaisement du climat de tension politique et familiale, n’ont point fait baisser l’ampleur de la tension nourrie par la controverse publique au sujet du frère du président de la République, Aliou Sall. Bien au contraire.
Le frère du président de la République semble désormais persuadé, au regard de sa dernière sortie médiatique la semaine dernière, que certains de ses ennemis sont aussi des proches du président de la République. Certains de ses adversaires financeraient même des acteurs de l’opposition pour le mettre en mal avec l’opinion publique nationale.
Ce qui se dessine laisse fortement penser que la question du frère du président de la République reste, et restera pendant longtemps encore, au centre du deuxième mandat présidentiel.
C’est au frère du président de la République  de prendre sa responsabilité politique personnelle pour éviter d’être un encombrant du pouvoir étatique et un souffre-douleur de la République démocratique. Il devra inscrire sa trajectoire politique dans celle de la République laïque et démocratique. Pourquoi pas, aller à la conquête du pouvoir par ses propres moyens, si le pouvoir étatique le tente autant.
De ce côté, il ne fait l’ombre d’un doute que le président de la République persistant à faire croire qu’il est l’incarnation de la République, de ses valeurs et son idéal de justice sociale, souffrira de l’impact négatif de la présence de son frère dans le jeu politique. L’opposition exploitera cette faille familiale majeure de la gouvernance de la deuxième alternance.
Les élections locales et les législatives seront nourries par des mises en accusation politique et familiale susceptibles de remettre en cause les fondements de la République et l’unité nationale. C’est le moment où jamais, pour le président de la République en exercice, de mettre fin à cette polémique.
Il doit prendre conscience du glissement inéluctable du jeu politique partisan sur le terrain miné par des conflits d’intérêts partisans et familiaux, la suspicion, la rancune et les règlements de comptes. Un retour à la situation chaotique de la fin de règne du pouvoir de la première alternance se dessine à grands traits à l’horizon du deuxième mandat présidentiel.

Mamadou SY Albert

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