ELIMINATION TOUS AZIMUTS DES CLUBS SENEGALAIS EN AFRIQUE – A qui la faute à ces échecs successifs ?

 

L’élimination (encore et encore) des équipes sénégalaises engagées sur le front africain repose la lancinante question de la viabilité et des ambitions de ces entités. Depuis le départ du défunt Omar Seck de la JA (club qui se morfond depuis dans les méandres de la division régionale), aucune lueur d’espoir n’est venue accompagner la sortie de nos représentants.

Il est vrai que sous nos cieux, se pratiquent deux footballs, celui financé par l’Etat, et un autre entretenu par des amoureux fous qui se font harakiri chaque semaine pour que vive le football local. Seulement, le mal est autant structurel que conjoncturel.

Le football sénégalais est dans le fond du trou, ce titre qui a barré la Une du journal que vous avez entre vos mains, n’a pas fait plaisir à ces auteurs. Mais la réalité, plus triste elle est, demeure la réalité. Aujourd’hui, le mal est profond. Les clubs vivotent, leurs présidents se font chaque jour harakiri pour que roule le ballon sur les différentes pelouses du pays.

Un autre football est pris entièrement en charge par l’Etat du Sénégal à coups de millions de francs Cfa. C’est certes une question de représentation et de souveraineté, n’empêche qu’une portion congrue de cette manne aurait constitué un bol d’air financier pour les clubs qui tirent le diable.

Le président Mack Sall avait, dans son programme électoral, souhaité fouetter considérablement la portion allouée au sport dans le budget de l’Etat en le ramenant à 1%. Une justice, avait alors crié sous les toits la peuplade du ballon rond. Aujourd’hui, tout le monde attend de ses vœux ce réajustement.

Aussi, la Ligue gagnerait à se montrer davantage agressive dans son approche avec les sponsors, afin de les inciter à s’impliquer plus et mieux dans le partenariat. Le naming, entre autres, est une formule de plus en plus répandue dans le marketing sportif et qui permet de faire gagner de l’argent au championnat professionnel et aux clubs.

Le naming, une voie à explorer

Le naming, dans le domaine du marketing sportif, ou plus précisément du sponsoring sportif, est la pratique qui consiste à donner à une enceinte sportive (le plus souvent un stade) ou à une compétition le nom d’une marque ou d’une société sponsor. Le logo du sponsor ou namer est également le plus souvent associé à la nouvelle identité visuelle du stade ou de la compétition. L’expression de naming peut également être plus rarement utilisée lorsque le nom du sponsor est donné à une équipe sportive.

C’est d’ailleurs grâce à cette pratique que les vainqueurs des championnats au Maroc (Botola Pro Maroc Télécom D1) et en Afrique du Sud (Absa Premiership), en exemple, reçoivent le pactole en fin d’exercice. Presque 200 millions pour le vainqueur en terre chérifienne et 1,236 milliard de nos francs pour le sud-africain (Mamelodi Sundowns, le champion en titre et récent vainqueur de la Ligue des champions en Afrique, a remporté la super coupe Total devant le Tp Mazembé, tiens même la CAF fait du naming).

Et c’est dans cette fourchette que sont primées les équipes remportant le championnat en Tunisie et en Algérie. L’aspect financier est devenu vital dans le football moderne. Les clubs les plus démunis auront toujours du mal à exister dans ce concert où les meilleurs joueurs se recrutent et se gardent à coups de millions. Ce que, évidemment, nos clubs n’ont pas aujourd’hui et ne peuvent pas. Pour la simple et bonne raison que le vainqueur du championnat professionnel sénégalais se voit octroyer une enveloppe de 20 millions (sic).

Avec cette misère, il est impossible pour un club sénégalais de gérer les finances liées à une saison, encore moins de retenir ses meilleurs éléments qui, pour des raisons sociales, sont souvent obligés d’aller voir ailleurs. Recruter des internationaux sur le continent devient dès lors une utopie. Un palliatif demeure une bonne formation au niveau des jeunes.

La part du sport dans le budget de l’Etat à corriger

Si des personnages illustres, comme feu Omar SECK, avaient réussi à radicalement changer le visage d’un club, par la force de son ingéniosité et des moyens personnels, il demeure que cet exemple n’a pas prospéré. «Souvent, la famille te demande de te retirer, de peur que le patrimoine ne soit entamé sérieusement», confie un proche de président de club.

C’est dire si l’Etat doit rapidement corriger un impair qui confine nos clubs à se coiffer du bonnet d’âne en Afrique. «Le président Mack Sall consent des efforts dans la réalisation d’infrastructures. C’est très bien, mais les clubs aussi ont besoin plus que jamais du soutien financier de l’Etat. On ne peut plus continuer à gérer les clubs comme il y’ a trente ans. Que l’Etat mette les moyens tout en exerçant un contrôle à la fin de chaque exercice pour voir comment a été dépensé l’argent jusqu’au moindre centime. C’est une manière d’aider les clubs et le football sénégalais à franchir un palier», assure ce secrétaire exécutif d’un club de l’élite.

Il ajoute que «les présidents ne peuvent à eux seuls supporter toutes les charges liées au fonctionnement du club, sans parler des salaires et des primes de matches». Du coup, la promesse faite au monde sportif par Macky Sall en 2012 de porter à 1% la part du sport dans le budget du Sénégal est attendue comme père Noël par les enfants aux moments des fêtes de fin d’année. Comprenez aussi que la manne financière n’est pas un gage de compétitivité, mais elle permet aux clubs de mieux se structurer et de pouvoir faire leur marché sur la scène africaine tout en conservant leurs meilleurs éléments.

Le manque d’efficacité des nos attaquants

En championnat national comme en Afrique, les attaquants sénégalais, dans la grande majorité, ne marquent pas beaucoup de buts. C’est là où le travail spécifique lors des séances d’entraînement est correcteur. La seconde mi-temps de Niary Tally en coupe d’Afrique face aux modestes camerounais, demeure un exemple patent. Il appert nécessaire que les techniciens s’attèlent à cette tâche. Qu’il est honorifique pour un entraîneur de transformer un bucheron en véritable machine à marquer. Au final, est-ce que ce n’est pas aussi ce qui manque sous nos cieux ?

La faute à ces échecs répétés et successifs incombe à toute une échelle de responsabilités. Au rang desquels, les acteurs du secteur, puis l’Etat qui n’a pas voulu mettre un seul kopeck depuis le passage dans le monde concurrentiel et non moins exigeant du football professionnel.

                                                                                                                              Séga DIALLO