Marcel Mendy : “Habré croit que je suis le Petit Bougnoul, qu’on peut…”  

Le journaliste-écrivain Marcel Mendy rompt le silence. Dans cet entretien exclusif qu’il a bien voulu nous accorder, il revient sur le bras de fer qui l’a opposé récemment à l’ancien Président Tchadien Hissein Habré, relativement à l’annonce de la parution de son livre: ” Affaire Habré, entre ombres silences et non-dits”. Selon notre confrère, le procédé utilisé par l’enfant de Faya-Largeau, vise ni plus ni moins, qu’à lui clouer le bec. 
 
Propos recueillis par Siaka NDONG
Que devient Marcel Mendy depuis la fin du procès du Président Habré ?
Après ma mission aux Chambres Africaines Extraordinaires (CAE), j’ai voulu prendre un peu de recul. Depuis 2012, après l’arrêté portant création du groupe de travail chargé de préparer les poursuites contre Habré, je n’ai pas arrêté de travailler. Après le procès, j’étais littéralement lessivé. Je m’étais mis au vert. Quelques temps après, j’ai repris mes activités littéraires. (…) Par la suite, j’ai travaillé sur mon livre consacré au Président Hissein Habré: “Affaire Habré, entre ombres silences et non-dits”. Je n’ai pas du tout chômé contrairement à ce qu’un journal de la place a voulu faire croire. J’ai participé à la rédaction de deux ouvrages collectifs. J’ai aussi mis en place la structure d’édition et de communication : ” Mamelles d’Afrique” dont le premier produit est le livre sur Habré.
Comment est née justement l’idée d’écrire ce livre ?
C’est à l’occasion de l’audience que m’avais accordée le premier Président de la Cour Suprême Mamadou Badjo Camara, au lendemain de ma nomination comme coordonnateur de la Cellule de communication des Chambres Africaines Extraordinaires (CAE), que l’idée d’écrire ce livre est née. Il m’a félicité et encouragé. Avant de prendre congé de lui, il m’a dit: “Ah Marco…j’espère qu’après le procès, tu écriras un livre. J’ai ri et je suis parti. C’est bien plutard, quand l’instruction a commencé que l’idée, c’est installée progressivement dans ma tête. C’est donc, en ma double casquette d’acteur et de témoin que j’ai décidé de faire un livre sur Habré, pour la postérité.
Comment pouvez-vous expliquer que dès l’annonce de la parution de votre livre, il y a eu une levée de boucliers du côté des Habré ?
Dès l’annonce de la sortie de mon livre, Habré s’est précipité de saisir le juge des référés. C’était exactement, le 27 novembre dernier pour demander l’interdiction de la parution du livre, sa diffusion, de sa vente, sous prétexte que j’avais mis sur la couverture du livre, sa photo, sans son autorisation. Le juge des référés a statué exactement, le 29 novembre dernier. J’étais à Saint-Louis pour les besoins du premier salon national du livre. C’était un choc que je venais de subir.  Cette décision me paraissait injuste. Comme je suis un légaliste, j’ai accepté la décision.
A mon retour à Dakar, mon avocat, Maître Amadou Aly Kane, a fait appel, avec les moyens de défense que la loi nous permettait. A l’issue d’un long processus, le juge a fixé une date pour le délibéré. Enfin, le 24 avril dernier, la première chambre de la Cour d’Appel, la Chambre de procédure accélérée a pris la décision de rendre nulle et non avenue l’interdiction de la vente dudit livre , de même que sa distribution et sa diffusion, estimant que la décision de Hissein Habré, n’était pas fondée en droit.
Pouvez-vous revenir sur la trame de ce livre?
Le livre traite d’un événement historique. Pour la première fois en Afrique, un ancien Chef d’État est jugé sur  le continent, pour crime de masse. J’ai décidé de produire souvairement ce livre, pour l’histoire.
Mme Habré est très remontée contre vous. Comment pouvez-vous expliquer ces états d’âme à votre encontre ?
Mme Habré cherche à me nuire, à me mettre en mal contre le Président Abdou Diouf, le Parti Socialiste, la famille de Kéba Mbaye, la famille religieuse de Tivaouane… Il y a une volonté de me clouer le bec. Je trouve le procédé dégoûtant. C’est une manœuvre cousue de fil blanc. On sait que Habré n’a pas d’argument. Et il se réfugie derrière ces autorités et ces familles religieuses pour me faire la fête. C’est peine perdue. Je suis désolé de le dire comme ça. Ils n’ont qu’à saisir toutes les juridictions qu’ils veulent, moi je reste droit dans mes bottes.
Qu’est-ce Habré vous reproche concrètement ?
Hissein Habré me reproche de l’avoir diffamamé et injurié.  Et pourtant, avant moi des journalistes français ont écrit sur lui. C’est parce-qu’il croit que je suis le “Petit Bougnoul” qu’on peut traîner en justice comme on veut.

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