Aveu d’échec de Pastef ou résilience du système ?

Après avoir promis aux populations monts et merveilles pour l’amélioration de leurs conditions de vie et d’existence, les théoriciens de Pastef développent aujourd’hui un nouveau discours axé sur la résilience du système, comme phénomène de blocage pour la réalisation des transformations attendues dans notre pays. Le système et ses nombreux goulots d’étranglement coriaces, comme un iceberg plus dur que le roc, est devenu la nouvelle trouvaille politique des pastéfiens pour expliquer leur inertie. Si nous sommes dans un pays où l’agriculture est aux abois, tandis que le Btp bat de l’aile, un pays où l’armée des chômeurs continue de se massifier, favorisant davantage l’émigration clandestine, un pays où les atteintes aux libertés d’opinion et d’expression font légion et atteignent leur paroxysme, comment expliquer cette situation chaotique que traverse le Sénégal actuel à l’opinion nationale et internationale ?

Il ne faudrait surtout pas, de nouveau, servir aux populations exténuées, un discours populiste pour justifier l’immobilisme économique et social actuel au Sénégal. Quand les pastéfiens brandissent un projet d’usine de montage automobiles Mercedes comme une réalisation économique tangible, alors que le Sénégal produisait ses propres voitures «Gaïndé» made in Sénégal il y a des décennies, nous nous rendons compte de l’absence manifeste d’ambition des pastéfiens pour leur pays et de méconnaissance de son histoire industrielle. Des usines de montage automobiles et même de trains, il en existe plusieurs au Sénégal depuis Mathusalem. La véritable bataille pour le développement industriel du Sénégal, c’est la construction par notre pays de camions, de tracteurs, de matériels agricoles, de pirogues insubmersibles à partir de la mise en valeur et de l’exploitation de nos mines de fer au Nord du Sénégal.

Le populisme sur lequel se sont appuyés les marchands d’illusions d’hier, qui déclaraient urbi et orbi posséder toutes les solutions clés en main pour résoudre les difficultés des Sénégalais en deux  mois, lesquels sont  incapables  aujourd’hui de fournir de bonnes semences aux paysans pour deux campagnes agricoles successives, ni d’élaborer pour l’instant un plan viable de stabilisation financière et de relance économique à la suite de difficultés générées par des chocs plus exogènes qu’endogènes, ne peut conduire, en effet, qu’à une désillusion totale.

Aveu d’échec ou résilience du système ?
Le système résiste-t-il à la révolution systémique pastéfiènne ?
Nous n’en sommes plus à une situation héritée de «ruine de l’Etat» ou de «falsification des chiffres et de surendettement». Nous en sommes aujourd’hui à la résistance pernicieuse et multidimensionnelle du système.
La survenue de cette situation alarmante, qui va de mal en pis, résulte maintenant de la résilience du système à la révolution systémique pastéfienne. Le problème, aujourd’hui, pour nos marchands d’illusions d’hier qui ont fait croire aux populations la mise en œuvre d’un projet rédempteur, c’est d’essayer à nouveau de faire accepter l’idée que la révolution systémique pastéfienne est bloquée par la résilience du système et, au demeurant, que ces politiciens des temps nouveaux n’avaient pas aperçu la partie immergée de l’iceberg dont ils mettront toute  la durée du mandat actuel à le combattre, renvoyant les transformations attendues aux calendes grecques. C’est autant dire que les pastéfiens sont en train de préparer l’opinion à un nouveau deal politique, en reconnaissant implicitement que les transformations promises ne seront effectives qu’à l’horizon 2029, à partir du moment où réellement toutes les résistances au système coriace pourront être totalement vaincues. Autrement dit, les pastéfièns mettent le focus sur la Présidentielle de 2029 en justifiant l’immobilisme actuel par la résilience du système lui-même. Mais, en réalité, qu’est-ce que cela veut dire, ce nouvel obstacle au développement du Sénégal qui s’appelle «résilience du système», si ce n’est l’invention d’une nébuleuse pour justifier un échec patent, comme si nous étions devant des hommes théoriques, dans un monde théorique. Chassez le naturel, les marchands d’illusions reviennent toujours au galop dans l’art de tromper les consciences populaires. Mais comme Abraham Lincoln le disait : «On peut tromper une partie du peuple tout le temps, et tout le peuple un certain temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps.»
Kadialy GASSAMA
Economiste Rufisque