Alors que plus de 4 millions de Français vivent aujourd’hui avec un diabète, dont une majorité de type 2, la Cour des comptes alerte sur un système de prise en charge en péril. Malgré plus de 10 milliards d’euros, soit 5,3 % des dépenses totales, investis en 2023 par l’Assurance maladie dans le traitement de la maladie « les résultats sanitaires progressent peu », souligne Pierre Moscovici, président de l’institution. Il faut dire que si le budget a progressé de près de 35 % en dix ans, cela s’explique principalement par l’augmentation de l’obésité et le vieillissement de la population. En parallèle, le rapport pointe aussi les iniquités : les personnes les plus modestes sont près de trois fois plus touchées que les plus favorisées, avec des conséquences graves à moyen terme (complications cardiaques, rénales, ophtalmologiques…). En cause : un repérage souvent trop tardif, un manque d’accompagnement en amont, et une prévention encore trop inégale selon les territoires.
ALD à deux vitesses
Parmi ses recommandations phares dédiées à corriger les tirs, la Cour des comptes propose de réformer le dispositif des affections de longue durée (ALD) en créant deux niveaux de prise en charge. Le premier, déclenché dès le diagnostic, intégrerait des mesures de prévention adéquates comme l’activité physique adaptée, l’accompagnement nutritionnel et l’éducation thérapeutique. L’objectif : éviter ou retarder le recours aux traitements médicamenteux. « La mise en place de cette ALD a, évidemment, un coût supplémentaire d’investissement. Mais les derniers rapports des inspections centrales suggèrent qu’un tel investissement serait viable », estime la Cour. Le second niveau serait réservé aux patients nécessitant une prise en charge médicamenteuse, sur critères médicaux. Ce modèle pourrait également s’appliquer à d’autres pathologies chroniques où la prévention a démontré son efficacité.
Agir à la source alimentaire
Pour la Cour, la prévention reste un levier majeur. En ce sens, elle appelle aussi à renforcer les mesures gouvernementales concernant les « déterminants de santé ». Plus clairement, elle recommande un meilleur encadrement de la publicité pour les produits à faible Nutri-Score, ainsi qu’un élargissement de la fiscalité à tous les produits sucrés, et non plus seulement aux boissons. « Améliorer la prise en charge du diabète est une nécessité, mais agir en amont est primordial. Cela permet des économies considérables. Il faut donc intégrer les enjeux de prévention primaire », insiste Pierre .