C’est un reproche fait à la presse, à tort ou à raison ? Le quatrième pouvoir favorise des débats puérils au détriment des vraies questions de l’heure. A qui la faute ? C’est la question que Hamidou Anne a soulevée samedi passé, lors de la cérémonie de présentation des livres Le Sénégal, une démocratie de Sisyphe et Les intellectuels sénégalais dans la marche vers la première alternance du Dr Yoro Dia, publiés chez Harmattan. «Ce qui se passe aujourd’hui sur nos plateaux de télévision, dans nos journaux, dans ce qu’on entend, on se dit qu’il y a quelque chose qui est en train de nous quitter. Je salue le travail des journalistes. Il faut avoir la responsabilité de continuer par le débat. C’est par le débat qu’on va se relever, c’est par le débat que la démocratie va continuer à être ce qu’elle est : une œuvre en perpétuel développement», a énoncé Me Aïssata Tall Sall pour camper le décor. Hamidou Anne, qui s’est engagé en politique en quittant les rédactions, pointe un doigt accusateur. Pour lui, si le niveau du débat politique est ce qu’il est, la presse n’est en rien responsable. «Le niveau politique sénégalais est assez désastreux, voire affligeant. On peut reprocher aux journalistes et chroniqueurs leur responsabilité, mais est-ce que les journalistes et chroniqueurs peuvent commenter autre chose que ce que les hommes politiques n’ont pas dit ? Est-ce que ce ne sont pas nos hommes politiques qui sacralisent le fait divers ? Est-ce que ce ne sont pas les hommes politiques qui se soucient de la punchline, de la petite vidéo qu’on va couper pour la mettre sur les réseaux et que finalement, ce sont les propulseurs, les défricheurs et embrayeurs de faits divers dans la société ?», s’est-il interrogé. Selon Hamidou Anne, «ce sont les hommes politiques qui doivent être à la hauteur de leurs responsabilités et du moment, à la hauteur de là où pourrait aller notre pays au regard de la géopolitique. Les journalistes ne vont pas inventer de la matière, ils vont commenter ce que les hommes politiques disent». Une position que partage le Dr Yoro Dia. «La presse ne mérite pas le traitement qu’on lui fait subir. Le Sénégal doit beaucoup à sa presse, qui a permis l’élargissement de la base de la démocratie. Je ne vais pas dire que c’est la presse qui a été à l’origine de la première alternance, mais elle y a joué un grand rôle», a déclaré l’auteur, tout en revenant sur l’importance d’accorder un temps de parole aux politiques en ouvrant les antennes sur ça .
Avec le Quotidien