La Syrie a été ciblée par de nouvelles frappes israéliennes, notamment contre des infrastructures militaires. Le Premier ministre Benyamin Netanyahu définit les intentions israéliennes. L’Observatoire syrien des droits de l’homme fait état de 248 morts, depuis le 13 juillet, et accuse les forces gouvernementales syriennes d’avoir exécuté une vingtaine de civils druzes depuis leur déploiement dans la ville de Soueïda.
La situation est tendue en Syrie. Selon des témoins à Damas, plusieurs drones survolent la capitale et l’armée israélienne déclare avoir bombardé l’entrée du quartier général de l’armée syrienne à Damas. Deux sources proches des services de sécurité syriens ont déclaré qu’une frappe israélienne avait touché le ministère de la Défense à Damas. Selon la télévision d’État, deux personnes ont été blessées dans le centre de Damas, mais sans préciser l’emplacement exact des faits.
Par ailleurs, l’armée israélienne annonce envoyer des renforts à la frontière avec la Syrie si les forces syriennes ne se retiraient pas du sud du pays, rapporte l’Agence France-Presse. « Sur la base de l’évaluation de la situation, l’armée israélienne a décidé de renforcer ses effectifs dans la zone de la frontière syrienne », a indiqué l’armée dans un communiqué. La situation est très volatile, comme si Israël et la Syrie se dirigeaient vers une confrontation ouverte et directe…
Des exactions rapportées à Soueïda
À Soueïda, de nouvelles violences ont opposé les combattants druzes et les groupes armés bédouins ce mercredi matin tôt après que les combattants druzes avaient hier repris le contrôle – au moins partiel – de la ville. Soueïda a été la cible de tirs d’artillerie lourde et de mortiers. Il est impossible d’entrer ou de sortir de la ville et des exactions sont rapportées contre des civils. RFI a pu joindre ce matin Sarah, une habitante druze de Soueïda, bloquée chez elle, sans eau et sans électricité. Elle nous décrit une ville assiégée (sa voix a été modifiée pour des raisons de sécurité).
Faire du sud-ouest syrien une zone démilitarisée
« Notre but, proclamait plus tôt Benyamin Netanyahu, est de maintenir le sud-ouest du territoire syrien en tant que zone démilitarisée. Nous ne permettrons pas, dit-il encore, l’établissement d’un second Liban dans ce secteur. » Et ce mercredi matin, le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, appelait à son tour la Syrie à « laisser les Druzes tranquilles à Soueïda ». « Comme nous l’avons clairement indiqué et averti, Israël n’abandonnera pas les Druzes en Syrie et appliquera la politique de démilitarisation que nous avons décidée », déclare-t-il dans un communiqué. Les forces syriennes devraient se retirer, a-t-il ajouté, et il a promis de maintenir les attaques militaires israéliennes jusqu’à ce que cela se produise, affirmant qu’Israël « renforcerait le niveau de riposte contre le régime si le message n’est pas compris ».
Israël agit à la fois en tant que protecteur des Druzes, mais aussi pour ses propres intérêts, souligne notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul. Il faut rappeler qu’il existe une profonde alliance avec les Druzes israéliens qui servent au sein de l’armée israélienne. Contrairement aux autres Arabes israéliens, les Druzes sont soumis à l’enrôlement obligatoire dans l’armée. La situation est plus confuse en ce qui concerne la communauté druze du plateau du Golan annexée par Israël. Quant aux membres de cette communauté qui vivent en Syrie, ils sont profondément divisés sur la question de leurs liens avec Israël. Rappelons que les Druzes sont un groupe de plus d’un million d’individus qui, s’il est éclaté géographiquement entre Israël, le Liban et la Syrie, est soudé par une culture et une religion – une variante du chiisme – qui les cimentent très fortement. La communauté n’accepte pas de nouveaux convertis et décourage les mariages hors de la communauté, rapportent les experts.
Un dialogue avorté Israël – Damas
Hier, mardi 15 juillet, le diplomate américain Tom Barrack a qualifié les violences meurtrières dans la province de Soueïda d’« inquiétantes » et souligné que son gouvernement s’efforçait de rétablir le calme dans le pays. « Les récents affrontements à Soueïda sont inquiétants pour toutes les parties, et nous nous efforçons de parvenir à une issue pacifique et inclusive pour les tribus druzes et bédouines, le gouvernement syrien et les forces israéliennes », a déclaré Tom Barrack, envoyé spécial de Washington en Syrie, sur X, nommant les parties impliquées dans les violences depuis dimanche. Il y a quelques jours encore, il était question de contacts entre Israël et le nouveau président syrien Ahmed al-Charaa, avec pour objectif une éventuelle normalisation entre les deux pays. Les États-Unis et Israël étaient parvenus à un accord pour que les frappes israéliennes en Syrie cessent au moins à la tombée de la nuit… Tout cela semble avoir volé en éclat.