En 2025, j’ai voulu obtenir un simple extrait de naissance pour ma femme.
Une démarche administrative banale… du moins en apparence.
Mais ce que j’ai découvert en essayant, c’est un système à bout de souffle, où même le numéro de registre peut être attribué à deux personnes différentes.
Oui, ça arrive encore. En 2025, au Sénégal.
Et là, on ne parle pas de bug informatique.
On parle d’un fichier d’état civil mal structuré, d’un registre physique mal tenu, et d’un retard numérique dramatique dans un pays qui se dit “en marche vers le digital”.
Pendant ce temps, à quelques kilomètres d’ici, la Mauritanie a fait un choix de rupture.
Et c’est mon ami Abdellahi Diagne qui m’a ouvert les yeux sur leur modèle, que j’ai pris le temps d’étudier.
Depuis plus de deux ans, chaque Mauritanien dispose d’un numéro d’identification unique attribué dès la naissance.
Toutes les pièces administratives, acte de naissance, carte d’identité, passeport, carte grise sont accessibles en ligne, via une application mobile appelée Houwiyeti.
Abdellahi Diagne, lui, a fait sa demande de passeport depuis son téléphone.
Deux jours plus tard, il allait le récupérer au consulat, sans aucun déplacement préalable, sans dossier à constituer, sans angoisse.
Même les analphabètes peuvent avoir accès à leurs documents : il leur suffit de se présenter dans n’importe quel centre d’état civil avec leur numéro national.
Le système reconnaît, vérifie et génère les documents sans friction.
Mais ce miracle n’est pas arrivé en une nuit.
La hashtag#Mauritanie a lancé dès 2012 une vaste campagne de recensement, visant à :
Éliminer les faux papiers, Nettoyer la base de données,
Et poser les fondations d’une identité numérique fiable, qui est aujourd’hui la colonne vertébrale de leur administration.
Pendant ce temps…
Au Sénégal, on continue de parler de “digitalisation” à coups de projets vitrines, de budgets engloutis, et de solutions mal conçues, sans adresse réelle aux problèmes de fond :
L’absence d’un identifiant unique,
L’absence d’un registre civil numérisé à l’échelle nationale,
L’absence d’un portail centralisé pour les démarches citoyennes.
Oui, je sais qu’une initiative est en cours.
Je ne citerai pas son nom ici, par respect pour celles et ceux qui y travaillent.
Mais je peux dire une chose : ça ne marchera pas.
Pas dans ce format. Pas avec cette logique.
Parce que ce n’est pas dans l’air du temps.
Ce qu’il nous faut, c’est un changement de paradigme.
Un État qui conçoit sa transformation digitale depuis le terrain, pas depuis une salle de conférence.
Un État qui commence par identifier chaque citoyen, dès la naissance, de façon fiable.
Un État qui fait de l’expérience citoyenne sa priorité, et non la complexité administrative.
Sénégal, bouge toi.
Mansour NdaoMansour Ndao
2eAmbassador 2025 MBA Manager de la transformation digitale