Médicament contre l’obésité : plus de prescripteurs mais autant de contraintes

Depuis le 23 juin dernier, la prescription des analogues du GLP-1 s’ouvre aux médecins généralistes. Si l’accès aux traitements contre l’obésité s’élargit, il ne s’accompagne d’aucune souplesse sur les conditions d’éligibilité et d’encadrement.

Arrivés sur le marché français fin 2024, les analogues du GLP-1 (aGLP-1) ont marqué un tournant dans la prise en charge de l’obésité. Leur prescription restait toutefois réservée à certains spécialistes – endocrinologues, diabétologues et médecins nutritionnistes –, seuls habilités à prescrire ces traitements injectables conformément aux critères d’éligibilité définis par les autorités sanitaires. Mais comme chaque médaille, celle-ci a connu son revers : celui des déserts médicaux et des délais d’obtention de rendez-vous avec des spécialistes. Pour faciliter l’accès des traitements aux patients, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a donc révisé sa copie. Par voie de communiqué, elle a ouvert, le 23 juin dernier, la prescription aux médecins généralistes. Sous réserve qu’ils respectent les indications prévues dans son autorisation de mise sur le marché (AMM).

Un accès élargi, mais encadré

 

Ce changement ne modifie en rien les règles d’usage. Les aGLP-1 restent strictement réservés aux adultes souffrant d’obésité sévère (IMC ≥ 35), chez qui les mesures hygiéno-diététiques – régime hypocalorique et activité physique – n’ont pas permis une perte de poids suffisante. Ce traitement de seconde intention ne peut être envisagé qu’après un échec de la prise en charge nutritionnelle classique. L’ANSM insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas d’un traitement pour tous : « Nous maintenons une surveillance renforcée et continue de sa sécurité d’utilisation. […] Les aGLP-1 indiqués dans l’obésité ne doivent pas être utilisés pour la perte de poids à des fins esthétiques, c’est-à-dire pour la perte de poids chez des personnes sans surpoids, ni obésité et qui n’ont pas de problèmes de santé liés au surpoids. » Les risques d’effets secondaires, rares mais potentiellement graves comme la neuropathie optique ischémique antérieure non artéritique, justifient une vigilance accrue.

Quels sont les médicaments concernés ?

Trois traitements sont actuellement disponibles sur ordonnance pour l’obésité : le Wegovy (sémaglutide), le Mounjaro (tirzépatide) et le Saxenda (liraglutide). Pour rappel, ces analogues du GLP-1 contiennent une hormone intestinale qui stimule la sécrétion d’insuline, ralentit la vidange gastrique et induit un sentiment de satiété. Ce triple mécanisme explique leur efficacité dans la perte de poids… mais aussi leur popularité hors cadre médical, contre laquelle l’ANSM met régulièrement en garde.