Quand un ministre appelle à l’insulte : les limites « inquiétantes » du discours politique

Le ministre Biram Souley Diop a tenu des propos controversés lors d’un échange avec de jeunes militants à l’Université Gaston Berger (UGB). Réagissant à ce qu’il considère comme des attaques contre Ousmane Sonko, il a lancé un appel sans équivoque :

« Notre force, c’est vous les jeunes sentinelles de la révolution et remparts infranchissables autour de nos leaders… Insultez tous ceux qui insultent Sonko, parce que la riposte serait légitime… »

Cette déclaration, en provenance d’un membre du gouvernement, interpelle. En légitimant l’insulte comme mode de défense politique, elle soulève des inquiétudes sur la dérive du discours public. Le rôle d’un ministre, censé incarner l’autorité et la mesure, semble ici détourné au profit d’un discours clivant.

Dans un contexte politique déjà tendu au Sénégal, de tels propos risquent d’amplifier les divisions et d’envenimer le débat public. L’université, lieu de dialogue, de pensée critique et d’élévation intellectuelle, a été le théâtre de ce qui s’apparente à un appel à la confrontation verbale.

Si la loyauté envers un leader peut s’exprimer de différentes manières, encourager les invectives comme forme de riposte marque une dérive inquiétante. Dans une démocratie, la réponse à la critique ne peut être l’insulte, mais le dialogue, l’argument et le respect des principes républicains.