La commune de Diokoul Diawrigne toujours dans le noir : 37 villages sans électricité

Située dans le département de Kébémer, la commune de Diokoul Diawrigne fait face à une crise énergétique alarmante. Malgré les nombreuses sollicitations, les habitants ne voient toujours pas la lumière au bout du tunnel. Ce qui ressemble à de la science-fiction est pourtant une réalité brutale pour ces populations : sur les 62 villages que compte la commune, 37 sont toujours privés d’électricité.

Dans ces localités, même recharger un téléphone relève de l’exploit. L’absence d’accès à une simple prise de courant plonge les habitants dans une précarité technologique et sociale inimaginable. “La situation est vraiment exécrable. Ici, il est impossible de décrire le calvaire que nous vivons. Nous avons perdu l’accès à de nombreux biens de première nécessité à cause de ce manque d’électricité. Chaque jour, nous parcourons des kilomètres avec des téléphones déchargés, dans l’espoir de trouver un endroit pour les brancher. C’est invivable”, témoigne un habitant.

Un collectif engagé pour sortir de l’ombre

Face à cette situation, un collectif baptisé “And Takhawou Courant Bi” (Collectif pour l’accès à l’électricité), coordonné par Cheikh Mbacké Ndiaye, s’est formé pour porter la voix des sans-électricité. Ce collectif milite pour informer, revendiquer et solliciter l’appui des autorités compétentes.

Selon le coordonnateur, les 37 villages non électrifiés se répartissent ainsi :

  • 8 villages situés sur l’axe Kébémer-Lompoul et traversés par une ligne haute tension :
    Baïty Ndiaye (1 et 2), Taïba Mar (seul village avec transformateur), Maka Ly, Mérina Gueye, Mbambara, Ndiawrigne Mamoussé, Ndiawrigne Mor Fall, Ndiawrigne Gayo, Ndiawrigne Diallo, Ndiawrigne Pathé et Ndiawrigne Samba Diokoul.
  • 2 villages (Nguer Nguer et Ndiawrigne Amadou Ba) bénéficient d’une installation inachevée, arrêtée depuis 15 mois.
  • Une ligne centrale vers Ndiawagne Fall, dont les travaux sont à l’arrêt depuis 18 mois, pourrait desservir 14 villages autour :
    Diokoul Ndiaye, Dakhar Demba Codou, Daral, Diamou Ndiaye, Taïba Amary Mbéry, Sine Mademba Leye, Thioune 1, Thioune 2, Mérina Seck, Sine Ndiaye, Beigne Penda, Toundou Maléye, Winde Thingoly et Saly.
  • 1 village religieux important : Ndiawagne Ndiaye.
  • Enfin, 9 villages proches de zones électrifiées peuvent bénéficier d’une extension du réseau :
    Darou Kébé, Mbakhdar Mbengue, Darou Ndiaye, Leye, Khara Ndack, Dagga Amar, Mésséré Taye et Mésséré Ndiaye.

Des conséquences lourdes sur le quotidien

Le manque d’électricité affecte lourdement la santé, l’éducation, la sécurité, mais aussi l’économie locale. Il est par exemple difficile, voire impossible, de conserver des produits au frais. Pour avoir de l’eau fraîche, certains doivent attendre l’arrivée de poissonnières ou se rendre à plusieurs kilomètres, notamment vers Lompoul.

Le collectif souligne également que l’électrification permettrait de créer des emplois (ateliers de couture, menuiserie, transformation agroalimentaire, etc.) et d’améliorer le confort de vie des habitants grâce à l’usage d’appareils tels que congélateurs, ventilateurs, climatiseurs, télévisions, ordinateurs…

“Nous sommes environ 7 500 habitants à vivre dans ces 37 villages. L’accès à l’électricité n’est plus un luxe, mais une nécessité vitale pour notre sécurité, notre économie, notre santé, et notre dignité”, insiste Cheikh Mbacké Ndiaye.