Alors que le Premier ministre Ousmane Sonko a vivement dénoncé, lundi 4 août, les pratiques d’enrichissement illicite dans la fonction publique, affirmant qu’« on ne peut pas être milliardaire en tant que fonctionnaire », ses propos ont rapidement suscité une réaction critique de la part de l’ancien magistrat Ibrahima Dème.
Dans une publication sur Facebook, Dème accuse Sonko d’incohérence. Il rappelle qu’en 2013, alors inspecteur des impôts et militant syndical, Ousmane Sonko avait publiquement défendu Tahibou Ndiaye, ancien directeur des Domaines, poursuivi pour enrichissement illicite. Ce dernier avait pourtant accepté de verser plusieurs milliards à l’État dans le cadre d’une médiation pénale, reconnue par la justice sénégalaise. « Aujourd’hui, Ousmane Sonko affirme qu’un fonctionnaire ne peut être milliardaire. En 2013, il défendait ardemment Tahibou Ndiaye. Quelle cohérence ! », s’est interrogé Ibrahima Dème.
Pour l’ex-magistrat, cette posture à géométrie variable affaiblit la crédibilité du discours actuel du Premier ministre. Il estime que la sincérité de la lutte contre la corruption prônée par Sonko est mise à mal par ses propres prises de position passées.
Dans son discours du 4 août, Ousmane Sonko avait pourtant brossé un tableau alarmant des dérives au sein de l’administration, en dénonçant les écarts salariaux abusifs, notamment entre certains directeurs généraux et le président de la République, ainsi que les ravages de la corruption dans les marchés publics. Il avait souligné que ces pratiques privent l’État de ressources essentielles destinées à l’éducation, aux infrastructures ou à la sécurité routière.
La sortie d’Ibrahima Dème, bien que brève, relance le débat sur la cohérence éthique dans les trajectoires politiques et la mémoire des positions publiques. Un rappel que dans la lutte contre la corruption, la constance dans l’engagement est souvent aussi scrutée que les mesures elles-mêmes.