Le Premier ministre Ousmane Sonko a récemment présenté son plan de relance économique baptisé « Jubbanti Koom », d’un montant inédit de 5 667 milliards FCFA sur trois ans. Salué par ses partisans comme une réponse « audacieuse » à la crise économique, ce programme suscite de vives réserves au sein de l’opposition, notamment du côté d’Abdoulaye Wilane, cadre du Parti socialiste, qui y voit un dispositif « sans boussole ni transparence ».
Selon Wilane, le plan souffre d’un manque de cadrage macroéconomique. Il déplore l’absence d’indicateurs clés comme les prévisions de croissance, d’inflation ou de pression fiscale, contrairement au Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle (DPBEP 2025-2027), qui fixe une trajectoire claire à moyen terme. Pour lui, « Jubbanti Koom avance dans une opacité inquiétante ».
Les mécanismes de financement annoncés recyclage d’actifs publics, mobilisation de ressources endogènes et recours à la finance islamique sont également remis en question. Le responsable socialiste demande des éclaircissements : « Quels actifs seront mobilisés ? À quelles conditions ? » Il s’inquiète du manque de transparence sur l’origine des fonds et de l’absence de concertation avec des institutions clés comme le FMI ou l’UEMOA, ce qui, selon lui, affaiblit la crédibilité du plan.
Wilane critique aussi la fiscalité prévue dans le programme, qu’il juge régressive et socialement injuste. Il estime que les nouvelles taxes frapperont en priorité les jeunes, les agriculteurs, les petits commerçants, et même les étudiants : « Un téléphone reconditionné coûtera 30 000 FCFA de plus, c’est inacceptable. Ce plan va appauvrir les jeunes et les familles rurales», a-t-il déclaré sur E-media.
Par ailleurs, il reproche au gouvernement une mise à l’écart des collectivités locales, acteurs pourtant essentiels dans les politiques de développement de proximité. Selon lui, le recentralisation des décisions nuit à l’efficacité de la relance. Il alerte aussi sur le risque d’isolement international, en l’absence de coordination avec les partenaires techniques et financiers.
En définitive, Abdoulaye Wilane considère que « Jubbanti Koom » tient davantage du virage politique que du redressement économique structuré. Il appelle à une révision urgente du plan, incluant la suppression des mesures fiscales les plus contestées, un cadrage économique rigoureux, une concertation inclusive et un dispositif de suivi transparent. « Le redressement du Sénégal ne peut se faire sans justice sociale, sans transparence et sans la participation de tous », conclut-il