France: plus de 200 personnes sans abri passent la nuit devant l’Hôtel de ville de Paris

« On s’apprête à passer la nuit, de nouvelles personnes nous rejoignent avec encore plus d’enfants », a rapporté à l’AFP Nathan Lequeux, coordinateur pour l’association d’aide aux migrants Utopia 56, à l’initiative de ce rassemblement à Paris. Le groupe, présent depuis mardi soir sur le parvis de l’Hôtel de ville est désormais composé d’environ 250 personnes selon l’association.

Après avoir passé une première nuit sur place – dans la nuit de mardi à mercredi – enroulés dans des couvertures et sacs de couchage à même le sol, les migrants, dont certains sont en situation régulière en France, avaient exprimé mercredi matin leur colère en criant : « On veut un logement ! Zéro enfant dans la rue ! »

Les plus chanceux ont une couette en laine, les autres une couverture de survie. Abigael a 14 ans et n’a aucun toit depuis mardi. Difficile de fermer l’œil, sur un coin de matelas, dehors, à quelques mètres des touristes : « Il a fait tellement froid aujourd’hui que je n’arrive même pas à expliquer. On est resté ensemble, tous collés pour arriver un peu à dormir. »

L’été, la situation «est particulièrement tendue»

Tout au long de l’année, Utopia 56 tient chaque soir une permanence sur le parvis de la mairie de Paris pour tenter de trouver un hébergement d’urgence aux plus précaires, refoulés des habituelles structures d’accueil. L’été, la situation « est particulièrement tendue », dénonce l’association, en avançant plusieurs raisons : des services publics au ralenti, des bénévoles associatifs en vacances ou encore des écoles et gymnases fermés et ne pouvant donc plus être utilisés en ultime recours.

Mercredi, Azaratou se préparait à une nouvelle nuit blanche : une nuit à bercer, consoler son nourrisson : « Un bébé qui dort à la rue, ce n’est pas normal. Il n’a même pas réussi à dormir, il a pleuré toute la nuit. Depuis novembre 2024, on est dans cette situation Depuis tout ce temps, il ne fait que tomber malade. »

La ville de Paris a assuré à l’AFP continuer d’ouvrir « été comme hiver, des centres pour mettre à l’abri des personnes en famille ». « Au total, plus de 1 000 personnes relevant d’une prise en charge par l’État sont actuellement mises à l’abri dans des lieux municipaux transformés ou des gymnases, en plus de la prise en charge de plus de 3 000 personnes en famille », avait souligné la mairie mardi soir, en demandant « la prise en charge de ces personnes par l’État ».

Mais avec la vague de chaleur qui arrive, il y a aussi la crainte d’une insolation, voire pire, alerte Yann Manzi de l’association Utopia 56 : « Les morts à la rue, c’est l’été, avec la chaleur, la déshydratation en un claquement de doigt. Si l’État décidait la réquisition des bâtiments vides et des bureaux, il n’y aurait plus personne à la rue en France. »