L’avocat franco-libanais Robert Bourgi, figure influente des coulisses du pouvoir africain, a exprimé de vives critiques à l’encontre du président sénégalais Bassirou Diomaye Faye et de son Premier ministre Ousmane Sonko. Invité sur la chaîne YouTube « Décrypter l’Afrique », l’homme de 88 ans, proche de plusieurs anciens chefs d’État africains, est revenu sur sa déception face aux débuts du nouveau régime sénégalais.
« Franchement, j’ai applaudi leur victoire », a-t-il d’abord reconnu, soulignant l’espoir qu’il plaçait dans ce changement politique. Mais aujourd’hui, Bourgi affirme être profondément opposé à ce qu’il qualifie de « dérives » et de « règlements de comptes » menés par les nouvelles autorités. Selon lui, de nombreux anciens collaborateurs de l’ex-président Macky Sall sont poursuivis, certains déjà placés en détention.
« Tous les proches de Macky Sall sont poursuivis. Beaucoup sont en prison », a-t-il dénoncé, estimant que cette orientation judiciaire aurait provoqué une désaffection massive au sein de l’électorat. « 50 % de leurs électeurs ont tourné casaque. Ils sont mécontents », a-t-il insisté.
Interrogé sur les accusations de corruption visant des figures de l’ancien régime, fondées notamment sur les derniers rapports de la Cour des comptes, Robert Bourgi a appelé à la prudence. « Il y a rapport et rapport. Attendons que le FMI et la Banque mondiale donnent leur verdict. C’est facile de dire qu’on a volé », a-t-il relativisé.
Tout en encourageant les autorités à publier les audits en toute transparence, il suggère de les transmettre aux institutions financières internationales afin d’assurer une lecture objective des faits.
Ces déclarations, teintées d’un attachement assumé à l’ancien président Macky Sall, reflètent les tensions persistantes autour de la gestion des affaires de l’État post-alternance. Elles illustrent aussi le clivage qui se creuse entre soutien populaire initial et critiques émergentes, quelques mois seulement après l’arrivée au pouvoir du duo Diomaye–Sonko.