Après la volonté de céder les espaces militaires stratégiques, le choix de laisser importer des voitures de plus de dix ans est une autre mauvaise idée.
Au moment où partout dans le monde, on discute de la qualité de l’air et de ses implications sur la santé publique, des millions de Sénégalais respirent chaque jour un air saturé de particules toxiques. Nos enfants toussent et nos quartiers se transforment en casses sauvages. Malgré tout cela, l’État dans un élan de redressement de notre économie, nous sort la mauvaise idée de laisser importer au Sénégal des véhicules d’occasion âgés de 10 à 15 ans.
Pour justifier une telle décision, on nous sert, le gros concept de solidarité sociale. Mais ce choix n’est pas solidaire, il est régressif. Il ne répond ni aux ambitions climatiques, ni aux exigences sanitaires, ni à la justice environnementale dont le pays a besoin.
Comment on va faire pour bénéficier des fonds verts si on choisit délibérément de polluer et d’asphyxier les populations.
Le secteur des transports rejette 70 % des gaz polluants. Le coût annuel de cette pollution dépasse 20 milliards de FCFA. Et ce sont les plus fragiles qui en paient le prix fort : les enfants, les personnes âgées, les habitants des quartiers populaires. Qui défend leur droit à respirer ?
Pendant que Dakar se congestionne, que Sacré-Cœur et la VDN se couvrent de garages informels et d’épaves rouillées, le gouvernement met de côté les promesses de la Contribution Déterminée au niveau National (CDN).
Le Sénégal doit se fixer un cap audacieux : zéro pollution en 2050. Pourquoi nous ramener vingt ans en arrière ? Où se trouve la cohérence dans une telle démarche ?
Le Sénégal, précurseur dans de nombreux domaines, devrait-il faire moins que le Maroc qui a instauré une taxe dissuasive sur les véhicules usagés, l’Éthiopie qui fabrique ses voitures électriques et le Rwanda qui mise sur l’urbanisme durable ? Ces pays montrent que l’Afrique peut être pionnière. Et le Sénégal peut faire mieux, beaucoup mieux.
Dans le plan de redressement économique et social présenté au grand théâtre par le Premier Ministre, il fait mention du recours aux fonds verts. Devons-nous préciser que le recours à ces fonds est conditionné et que leur utilisation est encadrée.
Ne choisissons pas la facilité, osons plutôt le difficile en donnant des crédits verts et des incitations fiscales pour rendre les véhicules propres accessibles. Ayons de la détermination pour une industrie automobile nationale, forte, écologique, tournée vers l’Afrique. Enfin faisons le choix d’un urbanisme repensé, sans garages informels ni parkings pirates.
Il s’agit là d’un combat citoyen, le nôtre.
Citoyens, entrepreneurs, décideurs, journalistes, étudiants, leaders religieux : chaque voix compte. Mobilisons-nous pour faire entendre nos choix. Refusons la politique de la casse. Réclamons un Sénégal respirable, juste et moderne.
Le redressement ne se fera pas sans nous et le changement ne viendra pas sans courage.
Alors osons le virage. Faisons entendre notre souffle. Et bâtissons, ensemble, un Sénégal propre.