Mali: les civils fuient en masse les localités de la région de Ségou attaquées par les jihadistes

Des véhicules des forces de sécurité maliennes patrouillent dans le centre du pays, juin 2015. (Photo d'illustration)

Près d’une semaine après l’attaque de la localité de Farabougou et de plusieurs positions de l’armée malienne aux environs de Ségou, à environ 300 km au nord de Bamako, les jihadistes du JNIM règnent en maîtres absolus dans la région. Alors que dans plusieurs localités, les troupes régulières sont toujours aux abonnés absents, les civils, pris de panique face à l’insécurité, ont décidé de fuir. À pied ou à bord de charrettes surchargées, ils quittent notamment Farabougou et les villages environnants à l’instar de cet homme joint par la rédaction de RFI en fulfulde et en mandenkan.

« Ma famille et moi avons dû nous réfugier à Dogofry. Mardi, les groupes armés ont attaqué notre village. Ils en ont fait sortir les femmes et les enfants pour pouvoir tuer tous les hommes. Si beaucoup sont morts, d’autres comme moi ont pu fuir.  Ensuite, ils ont brûlé tout le village. Nous n’avons même pas pu enterrer les cadavres », raconte-t-il avant de poursuivre : « Les municipalités qui nous accueillent ont trouvé des solutions pour ramener nos femmes et nos enfants auprès de nous. À Dogofry, elle nous loge dans la cour de la mairie. Mais comme nous sommes trop nombreux pour tous y rester, ceux qui ont des parents ou des connaissances ici sont allés chez eux ».

Pendant ce temps là, dans les localités dont ils se sont emparés, les jihadistes paradent après avoir mis la main sur le matériel de l’armée et avoir enlevé ou tué des militaires, aux côtés des civils. Dans la région, il s’agit d’une première ou presque : la junte au pouvoir à Bamako abandonne des positions attaquées sans tenter rapidement de les reprendre. Alors que les interprétations à ce propos vont bon train, de nombreux élus de la région ne cachent pas leur inquiétude et espèrent une prochaine opération militaire pour rassurer les populations.

Il y a cinq ans environ, les jihadistes avaient déjà installé un blocus autour de Farabougou. Il avait fallu l’intervention de religieux maliens dans les négociations pour qu’ils acceptent de desserrer l’étau.