Touba, ville sainte et densément peuplée, détient le taux de prévalence le plus élevé de malnutrition dans la région de Diourbel. Les enfants en sont les principales victimes, affectés notamment par des formes sévères de la maladie. Sur le terrain, des familles sans ressources témoignent de leur combat quotidien pour sauver leurs enfants.
Soda Ndiaye est l’un de ces visages marqués par la lutte contre la malnutrition. Amaigrie, la voix faible, cette jeune mère tient dans ses bras son bébé malade qui pleure sans relâche. Depuis des mois, elle fait l’aller-retour entre son village et le district sanitaire de Touba. Son unique espoir : que son enfant guérisse.
Le nourrisson, alors âgé de quatre mois, a présenté une malnutrition sévère. Les premiers signes – amaigrissement, diarrhées, vomissements – ont alerté sa mère.
« Il pleurait tout le temps. Je croyais qu’il avait soif, alors je lui donnais de l’eau, car la chaleur est accablante ici. Mais j’ai vu qu’il maigrissait de jour en jour. Je l’ai donc emmené à l’hôpital. C’est là qu’on m’a annoncé qu’il souffrait de malnutrition », raconte-t-elle. Aujourd’hui, l’enfant a un an et quatre mois et sa mère poursuit les consultations régulièrement.
Elle-même dit avoir été malnutrie durant sa grossesse. « En vérité, j’ai toujours été maladive. Je n’ai pas les moyens de respecter les recommandations des médecins pour l’alimentation de mon fils », confie-t-elle, impuissante.
ses côtés, une autre mère, Ndèye Arame Ndiaye, raconte une expérience similaire. Son fils, en convalescence, avait été diagnostiqué malnutris à six mois. « Dès que j’ai vu qu’il s’affaiblissait, je l’ai immédiatement conduit au centre de santé. Heureusement, le personnel a pris les choses en main. Franchement, après l’accouchement, on ignore beaucoup de choses. J’ai eu une césarienne et je n’ai vu mon bébé qu’après quatre jours. Je lui ai donné de l’eau trop tôt, alors qu’il fallait attendre six mois », admet-elle. Depuis, elle conseille aux jeunes mamans de suivre scrupuleusement les recommandations médicales.
Dans le district sanitaire de Touba, les salles de pédiatrie sont constamment remplies. Des allées et venues ininterrompues de femmes portant leurs enfants témoignent de l’ampleur du phénomène. Le personnel médical, en sous-effectif, reste pourtant mobilisé jour et nuit.
Selon le soleil , Yacine Fall, infirmière et administratrice des services de santé, confirme la gravité de la situation : « En 2024, la prévalence de la malnutrition sévère à Touba était de 3,17 %, un taux qui place la ville en tête dans la région de Diourbel », indique-t-elle. Elle rappelle toutefois que ces chiffres sont instables : 6,11 % en 2021, 3,81 % en 2022, puis une remontée à 5,86 % en 2023.
Cette variabilité des taux reflète la vulnérabilité nutritionnelle persistante de la population. Malgré les efforts de sensibilisation et les mécanismes de prise en charge, la pauvreté, l’ignorance et le manque d’accès aux soins adaptés continuent d’alimenter la spirale de la malnutrition infantile à Touba.