Affaire Lat Diop : la Chambre financière du PJF critique le rapport d’expertise et assouplit la détention de l’ex-DG de la Lonase

Nouveau tournant dans le dossier Lat Diop. Détenu depuis le 26 septembre 2024, l’ancien Directeur général de la Loterie nationale sénégalaise (Lonase) a vu sa situation judiciaire évoluer à la suite de la décision rendue le 12 août par la Chambre financière du Pôle judiciaire financier (PJF).

Réunie en conseil pour statuer sur l’appel introduit par ses avocats contre le refus de mise en liberté provisoire, la juridiction a ordonné la levée du mandat de dépôt qui le frappait et a décidé de son assignation à résidence surveillée à Hann Maristes. Une décision rapportée par le quotidien L’Observateur dans son édition du 26 août.

Au centre de cette affaire, un rapport d’expertise comptable établi le 9 mai 2025 par Me Babacar Ndiaye. Ce document, pièce maîtresse du dossier, relevait plusieurs anomalies financières présumées : acquisition par la Lonase d’un immeuble de près de 200 millions de F CFA resté inutilisé, retraits en espèces de 355 millions de F CFA sans justificatifs, versements de 425 millions de F CFA à un avocat sans contrat, paiement de 100 millions de F CFA à une société sans appel d’offres, ainsi que des flux financiers crédités sur les comptes de Lat Diop sans concordance avec ses revenus déclarés, pour un écart estimé à 541 millions de F CFA.

Cependant, la Chambre financière a émis de vives réserves sur ce rapport, qu’elle qualifie d’« entaché d’insuffisances » et même d’une « tare congénitale ». L’expert y reconnaît lui-même le manque de pièces justificatives pour certaines opérations, invoquant l’indisponibilité de documents, l’absence temporaire du gestionnaire des archives comptables et la compétence d’autres organes de contrôle.

Plus préoccupant encore pour la juridiction, l’expert admet ne pas avoir reçu l’ensemble des documents demandés avant la rédaction de son rapport provisoire et surtout, ne pas avoir auditionné Lat Diop sur les faits retenus contre lui.

Cette décision de la Chambre financière, qui maintient des mesures restrictives tout en écartant le mandat de dépôt, relance le débat sur la solidité des charges pesant sur l’ex-DG de la Lonase et sur la conduite de l’instruction.