Mali: des experts de l’ONU exigent la libération de Clément Mamadou Dembélé, détenu depuis 21 mois

A general view of the entrance of the Bamako Central Prison in Bamako on July 3, 2020. - Mali's largest prison, a squalid and overcrowded colonial-era throwback, has managed to keep coronavirus at bay despite conditions that should allow it to flourish. Outside the walls of Bamako Central Prison, in the impoverished West African state's capital, the city has registered most of the country's 2,567 infections and 75 deaths. Prison officers and NGOs have assiduously applied health measures inside the jail, however, warding off the encroaching virus. There is every reason to be vigilant. The prison is an ideal breeding ground for coronavirus. Built by French colonial authorities in 1951, the prison was designed for 400 inmates but currently holds 2,100. Hundreds of people are crammed on top of each other into filthy cells. (Photo by MICHELE CATTANI / AFP)

Au Mali, cela fait désormais 21 mois que l’universitaire et militant anticorruption Clément Mamadou Dembélé est emprisonné, depuis novembre 2023. Il est accusé d’avoir menacé de mort le président de la transition, Assimi Goïta, après la diffusion sur les réseaux sociaux d’un enregistrement sonore dans lequel une voix lui était attribuée. Or, une expertise a conclu qu’il ne s’agissait pas de la sienne.

Dans une communication datée du lundi 25 août, plusieurs experts des Nations unies demandent sa libération immédiate et inconditionnelle. Ils rappellent qu’une ordonnance du 17 avril dernier, rendue par le juge d’instruction du Pôle national de lutte contre la cybercriminalité, avait déjà estimé que les charges retenues contre lui n’étaient pas suffisamment étayées.

Dérive inquiétante

Le sociologue péruvien Eduardo Gonzalez, expert indépendant sur la situation des droits humains au Mali, dénonce une dérive inquiétante. « Nous, les experts, avons envoyé une lettre aux autorités maliennes en juillet, mais nous n’avons reçu aucune réponse. Et dans ce délai, Clément Dembélé est toujours en détention », explique-t-il.

« On crée une espèce d’effet cascadeparce que, après ce type d’arrestation, on a des arrestations contre les personnes qui expriment solidarité pour les victimes », s’inquiète-t-il. « On a vu l’arrestation de l’ancien Premier ministre Moussa Mara pour avoir exprimé une certaine solidarité avec les personnes arrêtées. Donc, c’est une situation qui fait des doutes sur la capacité des autorités maliennes de faire face à la critique normale d’une société démocratique ».