
Au Mali, cela fait désormais 21 mois que l’universitaire et militant anticorruption Clément Mamadou Dembélé est emprisonné, depuis novembre 2023. Il est accusé d’avoir menacé de mort le président de la transition, Assimi Goïta, après la diffusion sur les réseaux sociaux d’un enregistrement sonore dans lequel une voix lui était attribuée. Or, une expertise a conclu qu’il ne s’agissait pas de la sienne.
Dans une communication datée du lundi 25 août, plusieurs experts des Nations unies demandent sa libération immédiate et inconditionnelle. Ils rappellent qu’une ordonnance du 17 avril dernier, rendue par le juge d’instruction du Pôle national de lutte contre la cybercriminalité, avait déjà estimé que les charges retenues contre lui n’étaient pas suffisamment étayées.
Dérive inquiétante
Le sociologue péruvien Eduardo Gonzalez, expert indépendant sur la situation des droits humains au Mali, dénonce une dérive inquiétante. « Nous, les experts, avons envoyé une lettre aux autorités maliennes en juillet, mais nous n’avons reçu aucune réponse. Et dans ce délai, Clément Dembélé est toujours en détention », explique-t-il.
« On crée une espèce d’effet cascade, parce que, après ce type d’arrestation, on a des arrestations contre les personnes qui expriment solidarité pour les victimes », s’inquiète-t-il. « On a vu l’arrestation de l’ancien Premier ministre Moussa Mara pour avoir exprimé une certaine solidarité avec les personnes arrêtées. Donc, c’est une situation qui fait des doutes sur la capacité des autorités maliennes de faire face à la critique normale d’une société démocratique ».