La décision du juge est tombée in extremis. Un premier avion transportant une centaine d’enfants s’apprêtait à décoller d’un aéroport du Texas, direction le Guatemala, rapporte notre correspondante à New York, Loubna Anaki. Une opération qui, au total, concernait près de 600 mineurs âgés de 10 à 17 ans arrivés seuls sur le sol américain.
Saisi par les avocats de certains de ces mineurs, la juge Sooknanan du tribunal fédéral de Washington interdit aux autorités de procéder à ces expulsions, le temps qu’une audience pour étudier le dossier ait lieu. Selon elle, certains enfants s’opposaient à cette expulsion et auraient été mis en danger en retournant au Guatemala, pays qu’ils avaient fui notamment pour violence, abus ou traite d’êtres humains.
Les avocats des enfants représentés par une association de défense des immigrés, National Immigration Law Center (NILC), dans une plainte collective au civil contre la ministre à la Sécurité intérieure Kristi Noem – dénonçaient une procédure en violation avec la loi qui selon eux garantit des protections aux mineurs sans-papiers, surtout que certains de leurs clients étaient en pleine procédure de régularisation.
L’ONG accuse l’administration Trump, qui met en œuvre depuis sept mois son programme contre l’immigration et la criminalité, d’avoir « arraché de leurs lits des enfants vulnérables et effrayés et cherché à les remettre en danger » en les renvoyant dans leur pays natal d’Amérique centrale.
Un projet pilote organisé avec le gouvernement du Guatemala ?
L’administration Trump décrivait cette opération comme un projet pilote, une première organisée en collaboration avec le gouvernement du Guatemala. Ces dernière semaine, Washington a conclu des accords avec le Guatemala, qui a accepté d’accueillir des centaines de mineurs guatémaltèques détenus aux Etats-Unis.
Le conseiller Immigration de Donald Trump a immédiatement dénoncé la décision du juge fédéral. « Ce juge nommé par Biden refuse de laisser ces enfants retourner auprès de leurs familles dans leur pays », a écrit Stephen Miller.
Vendredi soir, une autre juge fédérale avait bloqué la procédure d’ « expulsion accélérée » d’étrangers sans papiers arrêtés récemment à la frontière avec le Mexique. Cette procédure, sans comparution devant un tribunal, est contraire à une disposition constitutionnelle selon laquelle « nul ne sera expulsé des États-Unis sans possibilité, à un moment donné, d’être entendu ».
Mais en mars dernier, l’administration Trump avait expulsé plus 100 Vénézuéliens vers le Salvador, malgré la décision d’un juge fédéral qui avait ordonné aux avions de faire demi-tour, sans succès cette fois.