La présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, alerte sur les risques d’une prise de contrôle de la politique monétaire américaine par Donald Trump. Dans une interview accordée à Radio Classique, lundi 1er septembre, elle estime qu’un tel scénario représenterait « un danger très sérieux » pour l’économie américaine comme pour l’économie mondiale.
Le président américain Donald Trump a plusieurs dirigeants de la Réserve fédérale (Fed) dans son viseur, à commencer par son directeur, Jerome Powell, qu’il souhaite limoger. Une volonté affichée de prendre le contrôle d’une institution pourtant indépendante, même si, selon Christine Lagarde, ses chances d’y parvenir restent limitées.
« La Cour suprême des États-Unis, qui est largement respectée dans le pays et dont j’espère qu’elle sera respectée par lui aussi, a précisément indiqué qu’un gouverneur de la Fed ne peut être révoqué que pour faute grave » a interpellé la présidente de la BCE. « Il faut quand même pousser le bouchon très loin pour être révoqué pour faute grave », a-t-elle estimé ce lundi matin sur Radio Classique. « Donc je pense que ça sera très difficile pour lui d’arriver ».
« S’il y arrivait, je pense que c’est un danger très sérieux pour l’économie américaine et pour l’économie mondiale, parce que la politique monétaire américaine a évidemment des effets sur les États-Unis pour maintenir la stabilité des prix et pour assurer l’emploi optimal dans ce territoire ».
Et de prévenir : « Si elle n’était plus indépendante, et si elle dépendait du diktat de tel ou tel, alors je crois que l’équilibre de l’économie américaine et, par voie de conséquence, les effets que ça a dans le monde entier, parce que c’est la plus grosse économie du monde, ce serait très préoccupant ».
Bras de fer entre Trump et la Fed
Donald Trump, qui estime avoir son mot à dire sur la politique monétaire, et souhaite régulièrement que la Fed baisse ses taux d’intérêt, tente de saper certains de ses plus hauts responsables.
Après avoir invectivé pendant des mois le président de l’institution, Jerome Powell, qu’il avait pourtant lui-même nommé à ce poste durant son premier mandat, le président américain essaie désormais de faire révoquer une des gouverneures, Lisa Cook, accusée par le camp présidentiel d’avoir menti pour obtenir des emprunts immobiliers à taux plus favorables.