Retransmises en direct à la radio et à la télévision, les audiences finales du procès de Jair Bolsonaro devant la Cour suprême brésilienne se déroulent dans le bâtiment conçu par l’architecte Oscar Niemeyer, situé au cœur de la capitale, Brasilia, face au palais présidentiel. Sur le banc des accusés : Jair Bolsonaro – qui n’assistera pas au procès – et sept de ses anciens collaborateurs, dont plusieurs hauts gradés militaires. La justice leur reproche d’avoir fomenté un projet de coup d’État incluant même, selon l’accusation, l’assassinat du président élu et du juge Alexandre de Moraes, qui préside aujourd’hui le procès.
Pour la gauche, l’événement marque un moment de sursaut démocratique. « Je suis fier de notre pays, de notre démocratie qui a résisté », a déclaré le député du Parti des travailleurs Lindbergh Farias, qui y voit la preuve de la maturité des institutions brésiliennes.
Le clan Bolsonaro en ligne de mire
Mais ce qui se joue dépasse le seul sort judiciaire de Jair Bolsonaro : l’avenir de la droite brésilienne est aussi en question. Plusieurs de ses figures se positionnent d’ailleurs déjà en vue de la présidentielle de 2026, à commencer par Eduardo Bolsonaro, le fils de l’ex-président qui vit aujourd’hui en exil aux États-Unis. « Si mon père ne peut pas se présenter, j’aimerais être candidat », a-t-il affirmé il y a quelques jours au site d’informations Metropoles.
Très actif à Washington, Eduardo Bolsonaro fait du lobbying auprès de Donald Trump pour éviter la prison à son père. Un travail couronné d’un certain succès, car le président américain a imposé des sanctions commerciales sévères contre le Brésil, qualifiant le procès de chasse aux sorcières. Un avis partagé par Jason Miller, un conseiller de Donald Trump, selon lequel « la Cour suprême brésilienne rend toute opposition au président actuel, Lula, impossible. Ils arrêtent tous ceux qui ne sont pas d’accord avec lui ».
Verdict attendu d’ici au 12 septembre
À Brasilia, le gouvernement redoute que les sanctions américaines ne soient encore renforcées en cas de condamnation. Le verdict est attendu d’ici au 12 septembre. Les cinq juges devront décider de l’acquittement ou de la condamnation des huit accusés qui risquent plus de quarante ans de prison.
L’attention se portera aussi sur le sort des militaires impliqués : jamais, depuis la fin de la dictature, un haut gradé brésilien n’a encore été condamné pour des actes politiques.