Le gouvernement français de François Bayrou renversé lors d’un vote de confiance

Après trois heures de débats, les députés français ont fait chuter le gouvernement du premier ministre, François Bayrou, en poste depuis moins de neuf mois. François Bayrou remettra sa démission au président de la République française, Emmanuel Macron, mardi matin.

Pour renverser le gouvernement, la majorité à atteindre était de 280 votes. Ce sont 364 députés de l’Assemblée nationale qui ont voté contre la confiance à François Bayrou, alors que seuls 194 d’entre eux lui ont apporté leur soutien.

 

Les députés disposaient de 30 minutes pour voter et les résultats sont tombés vers 18 h 50, heure locale.

La démission d’Emmanuel Macron réclamée

Dès sa sortie de la session parlementaire extraordinaire, la présidente du groupe La France insoumise (LFI), Mathilde Panot, a pris le président français Emmanuel Macron pour cible.

 

Nous sommes totalement irréconciliables avec toute politique macroniste, a-t-elle lancé, en annonçant que son parti soumettra une motion de destitution du président français dès demain.

Le co-chef de la formation politique, Jean-Luc Mélenchon, s’est dit soulagé du résultat du voteet a déclaré que Macron est désormais en première ligne face au peuple. Lui aussi doit partir, a-t-il dit sur son compte X.

Même son de cloche pour le Rassemblement national. Marine Le Pen réclamait le départ du président français avant même la tenue du vote.

 

Monsieur Macron doit se résoudre à sortir de son rôle de chef de la majorité pour enfin assumer, si toutefois il en est capable, son rôle de président de la République. En ces circonstances, le Président n’a qu’une possibilité : convoquer de nouvelles élections, peut-on lire sur son compte X

 

Le chef de l’État a dit qu’il prend acte du résultat du vote. M. Macron trouvera un remplaçant à M. Bayrou dans les tout prochains jours, a annoncé l’Élysée dans un communiqué.

Il a toutefois écarté la possibilité d’une dissolution de l’Assemblée nationale, réclamée par l’extrême droite.

Un pays divisé

Avant de se rendre aux urnes, M. Bayrou a d’abord offert un discours dans une ambiance tendue à l’Assemblée nationale, parsemé d’interruptions récurrentes de députés en désaccord avec le premier ministre.

L’Hexagone est particulièrement fragmenté entre plusieurs partis politiques qui sont incompatibles par les idées, selon François Bayrou.

 

Vous avez le pouvoir de renverser le gouvernement, mais pas le réel, a-t-il rappelé, en invoquant l’endettement qui submerge la France, selon ce dernier. La dette du pays est estimée à 3346 milliards d’euros, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques.

Le contexte fiscal et politique divise la France. François Bayrou, quatrième premier ministre nommé par Emmanuel Macron depuis sa réélection en 2022 et deuxième depuis qu’il a dissous l’Assemblée nationale en juin 2024, a présenté son plan budgétaire d’austérité qui vise à réduire l’endettement exponentiel du pays (114 % du PIB).

Le monde avance et la France ne peut rester à quai. Chaque mois de blocage, ce sont des années perdues par rapport aux autres nations. Chaque mois d’incertitude ou d’indécision, c’est une hypothèque plus forte sur l’avenir des Français, a-t-il plaidé.

Marine Le Pen (RN) a adopté pour sa part un tout autre discours et a appelé à une dissolution du gouvernement.

S’il n’y a pas de dissolution, nous continuerons avec un esprit constructif, mais sans faiblesse, de faire valoir les idées que nos électeurs nous commandent de défendre. Mais je le dis avec solennité, n’attendez pas que le groupe RN vous suive dans votre folie fiscale et migratoire, dans vos petits partis pris idéologiques qui vous empêchent de voir la réalité du pays, a-t-elle énoncé dans l’hémicycle.

La présidente du groupe LFI, Mathilde Panot, a abondé dans le même sens, mais pour des motifs différents.