La Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Dakar examine ce jeudi le dossier de Samuel Sarr, ancien directeur général de West African Energy (WAE), assigné à résidence avec port de bracelet électronique depuis mai 2025. Ses avocats, Me Baboucar Cissé et son équipe, présentent deux requêtes majeures visant à faire annuler l’intégralité de la procédure pénale le concernant.
La première requête conteste l’ordonnance de « soit communiqué » du 16 mai 2025, qui avait transmis le dossier au parquet financier. La défense dénonce le non-respect du délai légal de trois jours permettant de consulter le dossier et de formuler ses observations, conformément à l’article 169 du Code de procédure pénale. De plus, le dossier transmis était incomplet : le rapport de l’expert indépendant Alioune Touré, commandé par le juge et favorable à Samuel Sarr, en avait été retiré. Ce document, daté du 20 janvier 2025, concluait à l’absence de préjudice pour WAE et disculpait l’ancien DG.
La seconde requête cible l’ordonnance de renvoi du 2 juin 2025 devant le tribunal correctionnel. La défense soulève deux irrégularités majeures : Samuel Sarr n’a pas été informé de la clôture de l’instruction, comme le prévoit l’article 177 du Code de procédure pénale, l’empêchant de demander des actes complémentaires, et l’ordonnance de renvoi a été rendue après l’expiration du délai légal de six mois pour la détention provisoire, la rendant irrecevable.
Les avocats dénoncent une procédure menée « exclusivement à charge », ignorant les éléments favorables à l’accusé, tels que la mise en service réussie de la centrale électrique et les conclusions de l’expertise indépendante, et estiment que les droits fondamentaux de la défense ont été bafoués.
Cette affaire trouve son origine dans un conflit entre associés ayant dégénéré en accusations d’abus de biens sociaux portant sur 8 milliards de FCFA. La plainte de Moustapha Ndiaye, ancien président du Conseil d’administration de WAE, reposait sur un rapport du cabinet Mazars, immédiatement contesté par un contre-rapport du cabinet Racine.