Université d’hivernage du SUTSAS : l’inquiétant diagnostic de Mballo Dia Thiam

Le syndicat national des travailleurs de la santé a ouvert hier, à Dakar, sa 3e université d’hivernage sur le thème : « Défis structurels, dynamiques sociales et leviers d’actions ». Cette rencontre qui se tient du 15 au 18 septembre à l’École nationale de développement sanitaire et sociale (Endss) est un moment de partage sur les problématiques de la santé. 

La 3e université du Syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action sociale (Sutsas) s’est ouverte hier à l’École nationale de développement sanitaire et sociale (Endss). Durant 3 jours, ces syndicalistes de la santé vont débattre des défis structurels, dynamiques sociales et leviers d’actions. Cette année, le président de l’Assemblée nationale, Malick Ndiaye, est le parrain de la cérémonie. Il a été représenté par l’honorable députée Khady Sarr, présidente de la commission Santé de la 15e législature.

Selon le secrétaire général du Sutsas, le mouvement syndical entame une étape importante de réflexion stratégique et d’engagement militant sur les questions majeures de développement sanitaire. « Parler de souveraineté sanitaire, c’est oser interroger la capacité réelle de notre pays à répondre aux besoins essentiels de santé de sa population, dans un contexte mondial marqué par les pandémies, les crises économiques, les pressions géopolitiques, mais aussi par l’éveil des consciences sociales. La souveraineté sanitaire, ce n’est pas un slogan, c’est un impératif stratégique », a souligné Mballo Dia Thiam, secrétaire général du Sutsas.

Dans son plaidoyer, le syndicaliste invite l’État à insister sur « la nécessité de produire nos propres médicaments pour réduire notre dépendance à l’extérieur ». « Le Sénégal doit pouvoir produire ses médicaments essentiels, former, déployer et protéger les ressources humaines en santé, organiser un financement équitable et soutenable de la couverture sanitaire, garantir l’accès universel, équitable et digne à des soins de qualité pour diminuer sa dépendance », a indiqué M. Thiam.

Cependant, souligne M. Thiam, l’insuffisance des infrastructures, la faiblesse de la planification stratégique, les inégalités entre zones rurales et urbaines font qu’il est difficile d’avoir système de santé performant. « Le malaise profond des professionnels de santé, les grèves à répétition, le manque de reconnaissance, l’exode des compétences, mais surtout la méfiance constante des populations face aux services publics de santé sont autant de défis à relever pour améliorer la prise en charge des malades », a plaidé Mballo Dia Thiam.

Selon Farba Lamine Sall, docteur en économie de la santé, expert en gouvernance sanitaire et financement de la santé, le Sénégal ne produit que 5% de ses besoins en médicaments contre 70% pour le Maroc. « Au, Sénégal la dialyse constitue 44% de l’assistance médicale pour l’étranger. On a aussi constaté que nos évacuations concernent la Transplantation d’organe (rein, foie et cornée, greffe moelle osseuse), la chirurgie cardiaque, le cancer avancé. Beaucoup de médecins marocains, pays vers lequel nous nous tournons, sont formés ici au Sénégal », a soutenu Dr Sall.

L’Université d’hivernage est un laboratoire d’idées, un espace libre, rigoureux pour identifier les leviers d’action possibles pour trouver des solutions aux problèmes de santé au Sénégal.