Reconnaissance de la Palestine : Nantes, Stains, Saint-Denis… Au moins 52 communes en France ont hissé le drapeau palestinien

Ce lundi, plusieurs maires ont maintenu leur intention de faire flotter le drapeau palestinien au fronton de leur hôtel de ville, en même temps que la France doit reconnaître ce nouvel État, faisant fi des mises en garde de Bruno Retailleau et de premières décisions de justice. À Malakoff, la maire PCF Jacqueline Belhomme a décidé de ne pas retirer le drapeau «avant mardi», malgré une injonction du tribunal administratif de Cergy-Pontoise, sur recours du préfet des Hauts-de-Seine. Ce dernier a de nouveau saisi la juridiction et réclame cette fois une «astreinte financière».

 

Le ministère de l’Intérieur a recensé, lundi à 12h, 52 mairies ayant hissé le drapeau palestinien sur 34.875 communes, malgré l’interdiction, le jour où la France doit reconnaître officiellement l’État de Palestine. Bruno Retailleau avait donné en fin de semaine consigne aux préfets d’interdire les pavoisements du drapeau palestinien au nom des principes de neutralité du service public et de non-ingérence dans la politique étrangère de la France, compétence exclusive de l’État, sous peine de poursuite administrative. D’autres mairies ont prévu de pavoiser le fronton de leur hôtel de ville dans la soirée.

La bannière rouge, noire, blanche et verte était exhibée au fronton d’autres mairies de la banlieue parisienne, telles Nanterre, Bagneux, Gennevilliers, Ivry-sur-Seine ou Corbeil-Essonnes. «Il ne s’agit pas d’un acte militant de longue durée», mais un «choix» fait au moment où le président Emmanuel Macron doit officialiser la reconnaissance par la France de l’État de Palestine lors d’une Assemblée générale de l’ONU, fait valoir le maire socialiste de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), Mathieu Hanotin. Ce dernier suit ainsi une consigne donnée par le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, à l’instar du maire de la commune voisine de Saint-Ouen, Karim Bouamrane – qui entend également déployer le drapeau israélien -, et des premiers magistrats de Lille Arnaud Deslandes, ou de Nantes Johanna Rolland.

Une question qui divise la gauche

Dans les Pyrénées-Atlantiques, le maire communiste de Mauléon-Licharre, 3000 habitants, qui avait affiché un drapeau palestinien dès vendredi, l’a en revanche retiré samedi après saisine de la justice administrative par le préfet. Car le ministre de l’Intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau, a donné consigne aux préfets dès la fin de semaine de faire respecter un «principe de neutralité des services publics», d’ailleurs reprise par le juge administratif de Cergy-Pontoise pour motiver sa décision. «L’État non seulement ne demande pas le pavoisement, mais demande le non-pavoisement», a insisté samedi le secrétaire général du ministère de l’Intérieur, Hugues Moutouh.

Si le centre, la droite et l’extrême droite se rangent derrière la doctrine de Beauvau, la question divise à gauche: à Créteil, pas de drapeau au fronton de l’hôtel de ville, le maire socialiste Laurent Cathala estimant que «la première de ses responsabilités doit être de préserver la cohésion sociale au sein de la commune». À Brest, la mairie qui arbore le drapeau ukrainien depuis 2022 a choisi d’illuminer lundi le bâtiment aux couleurs de la Palestine. Benoît Payan, à la tête d’une majorité de gauche à Marseille, a pour sa part promis de poser lundi «un acte fort», sans en préciser la teneur. Mais sans pavoisement de drapeau.