«Vie publique, vie privée, les tribulations de l’entreprise», tel est l’intitulé du tout premier livre que l’administrateur de société Babacar Ndiaye a présenté samedi dernier au public. Dans cet opus de 187 pages, l’auteur retrace sa vie, son parcours, de ses débuts à la Société nationale des eaux du Sénégal (Sones), à son passage dans l’entrepreneuriat. Il met, également, en lumière, les difficultés du secteur privé, notamment la concurrence des entreprises étrangères, entre autres.Par Justin GOMIS –
Babacar Ndiaye, Directeur général de l’entreprise Geaur, a présenté sa première publication intitulé : «Vie publique, vie privée, les tribulations de l’entreprise.» Ouvrage à travers lequel l’administrateur de société relate son parcours, les défis auxquels le secteur privé national est confronté, entre autres.
«Chaque chapitre écrit avec courage, retrace un vécu que j’ai partagé avec vous depuis l’enfance au secteur professionnel, à ce jour», a indiqué Babacar Ndiaye, lors de la cérémonie de dédicace. Et de préciser que c’est pour expliquer les problèmes du secteur privé qu’il a écrit cet ouvrage en mettant l’accent sur les risques et problèmes que traverse ce secteur.
«Ce livre est un prétexte pour poser le débat sur les difficultés que traversent le secteur privé, mis l’épreuve par la concurrence étrangère, les banques, la passivité de l’Etat», a-t-dit.
Mais, pour mieux se faire comprendre, l’auteur a pris sa propre vie en exemple, scindée en deux parties, privée et publique, qui sont indissociables.
«En racontant ma vie, les jeunes entrepreneurs disposent d’un ouvrage pour contourner les obstacles qui se dresseront sur leur chemin. Car, l’entreprenariat est un métier noble qu’on exerce dans le milieu impitoyable des affaires», a-t-il expliqué.
D’après M. Ndiaye, les entreprises au Sénégal évoluent dans un environnement de tribulation. «Il y a l’Etat qui doit de l’argent au secteur privé, les banques qui ne suivent pas pour le moment ; ça n’a pas changé. Le secteur privé est toujours confronté à des problèmes de marché, de financement», a-t-il fait savoir.
Une situation qui se présente comme une aubaine pour les entreprises étrangères pour narguer les entreprises sénégalaises. «C’est un message que nos concurrents, les entreprises étrangères, essaient de vendre pour montrer que les entreprises sénégalaises sont incapables. Malheureusement, ce message a été repris par nos dirigeants», se désole-t-il.
Pourtant, souligne l’auteur, «le secteur privé a largement contribué au développement du pays, dans la sous-région en matière de Btp, d’hydraulique. Il y a beaucoup d’écoles de formation pour des ingénieurs, des architectes, des ouvriers qualifiés. Toutes ces disciplines sont formées ici», a tenu à rappeler M. Ndiaye.
La concurrence étrangère pointée du doigt
Mais ce que l’auteur ne trouve pas satisfaisant, c’est le fait de donner les marchés a des entreprises étrangères. «Cela diminue de beaucoup la maîtrise d’ouvrage au Sénégal. Les Sénégalais vont dans les pays de la sous-région, jamais en Europe ou en Chine. Ceux qui viennent envahir nos marchés, ce sont les Chinois, les Européens. Ce ne sont pas nos voisins qui viennent nous prendre le pain de la bouche. Aujourd’hui, tous les grands travaux sont faits par des entreprises étrangères. Tout cela se passe dans le cadre du Ppp. Un pays sous-développé a toujours besoin d’investisseurs, s’ils viennent pour créer de l’emploi, on en a besoin. Mais si c’est pour travailler dans des secteurs où il y a des Sénégalais en place et qui qui peuvent faire ces marchés, cela n’a pas beaucoup de sens. Cela doit être des investissements productifs pour le pays. Des fois, ils gagnent des marchés avec des prix (coûts) exorbitants sur des travaux que des Sénégalais peuvent faire. Malheureusement, on n’invite pas les Sénégalais à la table», a déploré le Directeur général du Geaur. Avant de relever : «Ces entreprises étrangères viennent avec le soutien de leur Etat pour avoir des devises ici. Ce qui fait qu’elles sont subventionnées par leur Etat. On ne dit pas qu’aucune entreprise étrangère ne doit travailler au Sénégal, parce nous travaillons, ailleurs, dans d’autres pays. On reste ouverts, mais on essaye de conserver tant que possible les avantages que nous pouvons avoir dans notre pays.» Pour l’historienne Penda Mbow, qui prenait part à la cérémonie de dédicace, le secteur privé a beaucoup lutté pour la consolidation de la démocratie. «Si le Sénégal a cette démocratie qu’on nous envie, c’est parce qu’il y a des gens qui ont travaillé. Pour préserver son entreprise, Babacar Ndiaye a subi les foudres de l’Etat et il n’a pas été payé. On lui a retiré tous les marchés. C’était dans une période très difficile. L’idée du patriotisme économique a été théorisée pendant les assises qui ont eu lieu en son temps dans le pays», a témoigné l’universitaire.
avec lequoidien