La paralysie de la Direction générale des Impôts et Domaines (DGID) depuis plusieurs jours met en lumière la vulnérabilité des infrastructures numériques de l’État. La panne, qui touche tous les services en ligne de l’institution fiscale, serait liée à une cyberattaque revendiquée par le groupe de hackers « Black Shrantac ». Ces derniers exigeraient 6,5 milliards F CFA en échange de la libération des plateformes, dans une opération de rançongiciel d’ampleur inédite.
Cette situation rappelle que les organismes publics ne sont pas épargnés par les cybercriminels. En 2022 déjà, l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) avait subi une attaque similaire. Une enquête a été ouverte par la Division spéciale de la cybercriminalité, mais les responsables de la DGID restent pour l’instant silencieux.
Au-delà du cas sénégalais, le phénomène prend une ampleur continentale. Récemment, le Sénégal a participé, avec treize autres pays africains, à l’opération internationale Contender 3.0 coordonnée par Interpol. Celle-ci visait à démanteler des réseaux spécialisés dans les escroqueries sentimentales et la sextorsion en ligne. Dans le pays, 22 suspects ont été arrêtés, accusés d’avoir escroqué près de 34 000 dollars à 120 victimes grâce à des usurpations d’identité de célébrités et à la manipulation émotionnelle sur les réseaux sociaux.
À l’échelle africaine, l’opération a permis l’arrestation de 260 fraudeurs présumés et la saisie de plus de 1 200 appareils électroniques. Les enquêteurs ont identifié 1 463 victimes, avec des pertes estimées à 2,8 millions de dollars.
Selon un rapport d’Interpol publié en juin, la cybercriminalité représente désormais plus de 30 % des infractions constatées en Afrique de l’Ouest et de l’Est. Les escroqueries en ligne, les rançongiciels, les faux ordres de virement et la sextorsion figurent parmi les menaces les plus répandues. Pourtant, 90 % des pays du continent estiment manquer de moyens techniques et judiciaires suffisants pour y faire face.
Face à la montée en puissance de cette délinquance numérique, les États africains se retrouvent confrontés à un défi stratégique majeur : renforcer la résilience de leurs infrastructures, former leurs forces de l’ordre et consolider la coopération internationale pour endiguer une criminalité transnationale en plein essor.