Moody’s abaisse la note du Sénégal à Caa1, pointant une dette alarmante

L’agence de notation Moody’s Ratings a annoncé, vendredi, la dégradation de la note souveraine du Sénégal. Les notes d’émetteur à long terme en devises étrangères et locales passent de B3 à Caa1, avec une perspective négative. Cette décision traduit les inquiétudes grandissantes concernant la trajectoire de la dette publique et la situation de liquidité du pays.

Selon Moody’s, un récent exercice d’évaluation a révélé une dette publique équivalente à 119 % du PIB en 2024, un niveau particulièrement élevé qui complique les efforts d’assainissement budgétaire, malgré les avantages liés à l’appartenance du Sénégal à l’UEMOA. Le ratio d’endettement atteignant 581 % des recettes publiques en 2024 dépasse largement les moyennes observées chez les pays ayant une notation comparable.

L’agence souligne également la lenteur des négociations avec le FMI, ce qui contraint le gouvernement à se tourner vers le marché régional, plus onéreux, pour financer ses besoins. Depuis le début de l’année, le Sénégal a émis des bons et obligations du Trésor équivalant à 8 % du PIB, à des taux oscillant entre 6,75 % et 7,75 %. Ces conditions témoignent d’une hausse du coût du financement et d’une pression accrue sur la trésorerie de l’État.

Moody’s estime que les besoins de financement brut du pays avoisineront 26 % du PIB en 2025 et 2026, tandis que le service de la dette pourrait représenter 27 % des recettes publiques d’ici 2026. L’agence maintient une perspective négative, évoquant des risques persistants pour la liquidité et la soutenabilité de la dette, notamment en cas de nouveaux retards dans la conclusion d’un accord avec le FMI.

Enfin, les plafonds nationaux ont également été revus à la baisse : En monnaie locale : de Ba2 à Ba3 ; En devises étrangères : de Ba3 à B1. Moody’s anticipe qu’un accord avec le FMI pourrait être conclu d’ici mi-2026, mais reconnaît que la confiance dans ce scénario s’amenuise. En attendant, le Sénégal reste confronté à une situation budgétaire tendue, marquée par un endettement record et une dépendance croissante aux marchés régionaux.