Les aliments hyperprotéinés sont-ils vraiment bons pour la santé?

“Enrichis en protéines”, “Hyper protéinés”, “high protein”… Peut-être avez-vous croisé ces étiquettes en faisant vos courses. Les produits alimentaires estampillés enrichis en protéines plastronnent aux rayons des spécialités laitières, des fromages, des barres de céréales… jusqu’aux saucissons! Une offre qui répond à une demande des consommateurs.

 

Les protéines, des macronutriments essentiels pour la santé

Que ce soit pour calmer les petits creux, éviter les fringales ou choyer ses muscles, il est vrai que les protéines se parent de nombreuses vertus.
Maillon indispensable de l’équilibre alimentaire, ces macronutriments (aux côtés des lipides et des glucides) sont rassasiants et stimulent la satiété. Ils aident à freiner l’absorption du sucre et donc aident à réguler la glycémie. Ils forment donc des alliés d’une gestion du poids. Ils participent aussi à la construction musculaire et jouent un rôle immunitaire et enzymatique lié à la digestion”, décrit Claire-Aurore Doray, diététicienne-nutritionniste, spécialisée dans l’alimentation à IG bas et la perte de poids.

Si on ne peut se passer des protéines, faut-il pour autant céder à la mode du super protéiné? Selon notre experte, ce type de produits cible avant tout les sportifs et les personnes qui cherchent à développer leur mase musculaire. Mais ils ne sauraient constituer une solution miracle. “Les industriels de l’agroalimentaire surfent beaucoup sur cette vague du protéiné mais cette tendance relève selon moi davantage d’un intérêt marketing que d’un argument nutritionnel”, remarque notre interlocutrice. Et de préciser: “Une alimentation variée et équilibrée tous les jours suffit en principe à combler nos besoins en protéines” chez l’adulte.

 

L'”enrichi en protéines”, un coup de pouce ponctuel chez le senior

Néanmoins, concède Claire-Aurore Doray, les produits riches en protéines peuvent ponctuellement apporter un coup de pouce à une alimentation trop pauvre en protéines. Ce qui peut être le cas chez certains seniors. En vieillissant, les besoins en protéines sont accrus et peuvent atteindre 1 à 1,2g de protéine par kilo de poids et par jour chez le senior (parfois jusqu’à 1,5 g/kg/jour en cas de pathologie, perte de poids ou activité physique soutenue), ce qui revient à manger 2 tranches de jambon ou 2 œufs ou 100 g de viande ou 150-200g de poisson par repas. Cette augmentation des apports recommandés en protéines aide à lutter contre la fonte musculaire liée à l’âge, dite sarcopénie. “Chez le senior, ces produits enrichis en protéines peuvent compléter une alimentation variée et équilibrée, notamment en cas de faible appétit ou de perte de poids involontaire”, reprend l’experte.

La moindre appétence pour la viande et les protéines animales, courante en vieillissant, peut aussi justifier le recours éventuel à ces produits hyperprotéinés.

Produits hyperprotéinés: lesquels choisir?

Si on souhaite tenter l’expérience des produits enrichis en protéines, on s’oriente de préférence vers les laitages. “Les yaourts, les fromages blancs et les Skyr sont naturellement riches en protéines et certaines marques les enrichissent en protéines en ajoutant de la poudre de lait industrielle ou du lactosérum sans complètement dénaturer le produit”. Autre conseil utile, on privilégie les versions les plus brutes possibles aux versions élaborées dont la liste d’ingrédients à rallonge cache souvent des additifs. “On choisit par exemple des yaourts nature enrichis que l’on aromatise soi-même avec un peu de sirop d’agave, de la purée d’amande, un peu de miel, de la confiture, un fruit frais ou un peu de compote”.

Vous raffolez du saucisson et du fromage? On oublie les versions enrichies en protéines, qui présentent peu d’intérêt. “Le saucisson est plus un produit plaisir à consommer ponctuellement et le fromage est déjà naturellement riche en protéines”.

Quid des pâtes hyperprotéinées? Là aussi, on passe son tour. “Les pâtes enrichies en protéines ont peu de sens selon moi, car on les consomme essentiellement pour leur source de glucides et non pour leurs protéines”.

En cas de petite faim, les barres de céréales enrichies en protéines valent le détour, à condition de bien scruter les étiquettes et de comparer la ligne “apport en protéines pour 100g” entre deux références équivalentes. On choisira celle avec l’apport en protéines pour 100 g le plus important. “Autour de 10 à 12g de protéines pr 100g c’est bien pour rassasier et lutter contre la fonte musculaire”, conseille la diététicienne.

Comment manger plus de protéines naturellement sans craquer pour l’hyperprotéiné

L’hyperprotéiné doit rester une solution occasionnelle qui ne remplace en rien l’équilibre alimentaire, fait valoir Claire-Aurore Doray: “Avant de se tourner vers ce type d’aliments, on veille à apporter suffisamment de protéines dans ses repas en misant sur les sources de protéines classiques comme la viande, les yaourts, les œufs, les légumineuses (telles que les lentilles, les pois cassés, pois chiches, les haricots blancs, rouges, etc), les amandes ou encore les noix de cajou”.

Fractionner ses repas est une autre idée pour muscler ses apports en protéines sainement. “Si on ne mange pas assez de protéines au repas, on peut faire 4 ou 5 petits repas dans la journée enrichis avec des petits apports en protéines. Par exemple, on ajoute dix amandes et un yaourt à la fin de chaque repas, ou on met un peu de purée d’amandes dans les yaourts ou les tartines le matin”, recommande l’experte.