Ousmane Sonko : du militant politique à l’acteur principal d’une série

 

Depuis quelques années, le leader de PASTEF, Ousmane Sonko, s’impose non seulement comme une figure politique au Sénégal, mais aussi comme le protagoniste d’une véritable série politico-médiatique. Chaque épisode, savamment mis en scène, captive l’opinion publique, alimente les débats, et divise le pays entre partisans passionnés et sceptiques désabusés.

 

Épisode 1 : Les 94 milliards et le coup d’envoi de la saga

Tout commence avec l’affaire dite des 94 milliards, un scandale foncier supposé, brandi comme la preuve du “système corrompu” qu’il prétend combattre.
Résultat : beaucoup de bruit, des déclarations incendiaires, mais aucune preuve concrète. L’épisode a servi surtout à asseoir l’image d’un justicier prêt à affronter les puissants, même si la réalité judiciaire, elle, n’a jamais confirmé ses accusations.

Épisode 2 : Les 6000 milliards du pétrole le scénario du complot

Vient ensuite le dossier des 6000 milliards du pétrole et du gaz sénégalais, où Sonko accuse l’État de brader les ressources nationales. Une fois encore, les chiffres et les faits s’entrechoquent, mais le discours reste le même : “nous sommes pillés”.
Ce thème, habilement choisi, flatte le sentiment nationaliste et alimente la colère populaire. Pourtant, derrière la rhétorique, aucune démonstration économique sérieuse ne vient étayer les affirmations.

Épisode 3 : Sweet Beauty le drame judiciaire à grand spectacle

C’est l’épisode qui a propulsé Sonko au niveau international. L’affaire Sweet Beauty, mêlant sexe, pouvoir et justice, a tenu le Sénégal en haleine. Les caméras du monde entier se sont braquées sur Dakar.
Mais au-delà du scandale, cet épisode a révélé une stratégie de communication redoutable : transformer chaque accusation en tribune politique. Le tribunal devenait scène, le verdict devenait scénario, et la victime autoproclamée se transformait en martyr du système.

Épisode 4 : Le compte de 1000 milliards la confusion économique

Dans cet épisode, le thème change mais la méthode reste la même : créer le doute, semer la méfiance, présenter des chiffres impressionnants, souvent sans fondement vérifié. Le but : entretenir l’image d’un “État voleur” et d’un “peuple spolié”.
Une fois encore, le populisme économique remplace la rigueur analytique.

Épisode 5 : La dette cachée avec le FMI et la Banque mondiale saison en cours

Le dernier épisode en date concerne la dette publique. Sonko et ses soutiens dénoncent une “dette cachée” négociée avec les institutions financières internationales.
Certes, le sujet de la dette mérite débat. Mais en faire un outil de propagande, sans explication sur les mécanismes économiques réels, revient à entretenir la peur et la colère plutôt qu’à proposer des solutions.

 

Une stratégie bien rodée : le populisme scénarisé

Derrière ces épisodes se cache une stratégie claire : occuper l’espace médiatique et mobiliser les émotions populaires.
Chaque crise, chaque accusation, chaque “révélation” devient un acte de communication calculé.
Sonko et ses partisans excellent dans l’art du spectacle politique un populisme de scène où les faits comptent moins que la narration.

Leur discours s’appuie sur des mots forts “système”, “corruption”, “trahison du peuple” mais reste souvent vide de propositions concrètes pour le développement économique, la gouvernance ou l’emploi des jeunes.

Épisodes à venir : le feuilleton continue…

Avec un tel scénario, inutile de douter qu’il y aura d’autres “épisodes” : la politique étrangère, la justice, ou encore la coopération internationale pourraient bientôt faire l’objet de nouvelles accusations spectaculaires.

Mais à force de vouloir transformer la politique en film, on risque de confondre le rôle d’acteur et celui de dirigeant.
Le Sénégal, lui, a besoin d’un leader réaliste et responsable pas d’un scénariste du chaos.

 

Omar Gueye
Sénégalais établi en Côte d’Ivoire