Maladie rénale chronique: les signes qui doivent vous alerter

Comme beaucoup d’organes, les reins font leur travail discrètement et efficacement… mais quand ils manifestent des difficultés, c’est qu’il est bien tard pour redresser la barre. On a tendance à dire que la maladie rénale chronique s’installe en silence. Mais la Pr Bénédicte Sautenet, professeure au service de néphrologie au CHU de Tours bat  en brèche ce préjugé  qui pourrait décourager certains, estimant que lorsque la maladie s’est imposée, il n’y a plus rien à faire. Au contraire, nous assure cette néphrologue: dès les premiers stades, certains signaux doivent pousser à consulter.

Qu’est-ce que la maladie rénale chronique?

Rappelons d’abord que les reins, ces organes vitaux situés de part et d’autre de notre colonne vertébrale, jouent le rôle de filtres, qui doivent bloquer certaines protéines essentielles et laisser passer des déchets vers les urines. “La maladie rénale chronique correspond au fait que les reins vont moins bien fonctionner de façon persistante”, précise Bénédicte Sautenet. Avec deux éléments principaux: les reins filtrent moins bien les déchets et ce filtre est moins efficace, il laisse passer les protéines et l’albumine.

Peut-être avez-vous déjà entendu ou lu (par ici par exemple) des informations sur l’insuffisance rénale? Est-ce la même chose? “L’insuffisance rénale peut être aiguë ou chronique, et dans ce cas on parle de maladie rénale chronique. Qui exige un suivi sur le long terme. Comme son nom l’indique, c’est progressivement que les reins perdent leur capacité à remplir leur mission… Et les alertes peuvent passer sous le radar.

Qui est principalement touché par la maladie rénale chronique?

“Les plus à risques sont les patients atteints de diabète, d’hypertension, d’obésité, de maladies cardiovasculaires, reprend Bénédicte Sautenet. Qui insiste: les personnes qui souffrent d’une de ces maladies (ou de plusieurs!) doivent être dépistées au moins une fois par an. Concrètement: leur médecin doit leur prescrire un dosage sanguin de créatininémie avec estimation du débit de filtration glomérulaire associé à un dosage d’albuminurie/créatininurie dans les urines pour voir si elles ne souffrent pas d’une maladie rénale chronique.

“Il existe des situations plus rares: certains patients touchés par des maladies génétiques, auto-immunes, des anomalies urologiques … peuvent aussi développer cette maladie. À surveiller également: les patients qui ont pris certains traitements pour lutter contre un cancer.

Quels sont les signes à connaître de la maladie rénale chronique?

“On entend souvent que la maladie rénale chronique est silencieuse, mais c’est faux!”, insiste Bénédicte Sautenet. Il y a plein de petits signes à repérer dès le début de la maladie. Qui certes, sont peu spécifiques. Mais si le soignant prend le temps d’interroger les patients, il ne doit pas passer à côté de ces signaux d’alerte.”

  • Fatigue inhabituelle : certes, la fatigue peut avoir des milliers de causes diverses, être conjoncturelle… Mais ce qui est important à noter, c’est un changement important dans votre énergie.
  • Des crampes et des douleurs musculaires. “C’est un des signes évocateurs de problèmes au niveau des reins”, reprend la médecin.
  • Difficultés à respirer: un essoufflement, là aussi étonnant
  • Œdème: gonflement souvent des chevilles, pieds ou des paupières au réveil
  • Fourmillements dans les extrémités: main, pied…
  • Troubles du sommeil

Des symptômes que chacun devrait connaître, “surtout les patients qui ont des facteurs de risque”, assure la médecin. Et pour les autres? “Si vous remarquez un ou plusieurs de ces signes d’alerte, dans des circonstances inhabituelles, mieux vaut demander à votre médecin traitant un bilan de santé, notamment concernant les reins. Organes auxquels on pense rarement”, regrette la néphrologue.

 

Que faire si on craint d’avoir une maladie des reins?

On l’a vu, mieux vaut consulter avant de paniquer. Votre médecin traitant ou éventuellement un spécialiste verra dans un second temps, si les examens confirment une maladie des reins, quels médicaments prescrire pour ralentir la progression de la maladie rénale chronique et les mesures d’hygiène de vie à prendre. Car si la maladie s’installe, si la fonction rénale diminue, elle peut mener à une défaillance et il faudra alors mettre en œuvre des techniques de suppléance très lourdes: dialyse ou transplantation rénale.

“Par ailleurs, la maladie rénale augmente fortement le risque de maladies cardiovasculaires”, prévient Bénédicte Sautenet. Bonne nouvelle toutefois: adopter une bonne hygiène de vie fait entrer dans un cercle vertueux: ce qui est bon pour vos reins s’avère également idéal pour votre cœur, vos vaisseaux, votre foie… Pour cela, pas de mystère, une alimentation équilibrée et variée, une activité physique régulière et complète, éviter alcool et tabac et bien s’hydrater s’avère un pari gagnant.

“De surcroît, on dispose aujourd’hui de beaucoup de traitements efficaces”, poursuit la néphrologue. Que l’on parle médicament ou hygiène de vie, “plus on agit tôt, plus on est efficace. D’où l’intérêt de connaître ces signaux encore méconnus de la maladie rénale chronique!”