Comment bien choisir son déodorant?

Déodorant en spray, roll-on, pierre d’alun, stick solide… Pas facile de s’y retrouver quand on choisit un déodorant. L’été, en particulier, on est tenté de cacher les odeurs de sueur et se jeter sur ces produits cosmétiques sujets à polémiques… Comment choisir un déodorant qui ne soit pas dangereux pour votre santé? À quoi faire attention quand vous êtes en rayon? Réponses avec Sandrine Dahan, biochimiste et fondatrice de la marque Skinhaptics, qui développe des produits 100% naturels.

Quels sont les déodorants les plus nocifs pour la santé?

Le grand public a tendance à mélanger les anti-transpirants et les déodorants. Les premiers ont pour objectif de bloquer l’action des glandes qui produisent la sueur et contiennent des sels d’aluminium. Les seconds, en revanche, comprennent des agents anti-bactériens, mais pas de sels d’aluminium. Mais sont plus ou moins efficaces selon les gens… et rarement toute la journée.

Les sels d’aluminium sont-ils vraiment cancérigènes?

Longtemps, les sels d’aluminium ont été suspectés d’augmenter les risques de développer un cancer du sein. Une hypothèse depuis contredite par plusieurs études scientifiques. La plus récente, celle du comité scientifique pour la sécurité des consommateurs (CSSC) de la commission européenne a confirmé en 2020 que les produits sur le marché étaient sûrs. En effet, les déodorants ne présentent pas de danger sanitaire si leur concentration en aluminium est inférieure à 10,60% pour les sprays et 6,25% pour les autres. Des seuils supérieurs aux produits cosmétiques que vous trouvez sur le marché. Autre information rassurante: il n’y a pas d’indication d’une relation de cause à effet entre l’exposition à l’aluminium et les maladies neurodégénératives.

Pourtant, le doute persiste. “Certains chercheurs et médecins conseillent tout de même d’éviter les sels d’aluminium, en particulier pour les femmes qui ont déjà eu un cancer”, nuance Sandrine Dahan. D’autant qu’ils peuvent être des perturbateurs endocriniens, irriter la peau et sont suspectés d’être cancérigènes [pas seulement pour le sein]”, reprend-elle.

À quels ingrédients faut-il faire attention?

Si vous visez le zéro risque pour votre santé, il va falloir vous équiper de bonnes lunettes pour décortiquer les composants de votre déodorant actuel ou futur. Mais pas facile de savoir ce qu’il faut chercher dans la liste…

Les sels d’aluminium. On l’a vu, dans le doute, mieux vaut s’abstenir. “On les retrouve sous les noms d’aluminium chlorohydrate, aluminium zirconium et pentachlorohydrate”, détaille l’experte. Et contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, ils sont aussi présents dans la pierre d’alun.

Des conservateurs. “Attention notamment au triclosan, parabens, phtalates qui sont des ingrédients irritants et de potentiels perturbateurs endocriniens”, précise-t-elle.

L’alcool. “Parce qu’il irrite la peau, mais aussi qu’il l’assèche”, reprend-elle.

Les silicones. On les retrouve sous la dénomination cytopentasiloxane et cyclotetrasiloxane. “Les silicones adoucissent la peau, mais ils peuvent être potentiellement des perturbateurs endocriniens”, insiste-t-elle.

Quels sont les déodorants les meilleurs pour la santé?

Mieux vaut miser sur des déodorants et non des anti-transpirants, qui contiennent souvent ces ingrédients problématiques. “Je conseille d’aller vers le plus naturel possible”, souffle la spécialiste. Notamment des marques bio comme Respire ou Même. L’application Yuka a fait un classement en avril 2025 et il a de quoi étonner, car les marques de supermarché sont bien classées. Si tout le podium est bio, on découvre en première position le déodorant à l’aloe vera de Carrefour bio, puis celui de la marque U, Leclerc et enfin Monoprix. Les marques Respire, rechargeable, et Weleda, avec un emballage en carton, font partie du top 10 et sont une option écolo. Que penser des déodorants solides, plus écolos également? “Ils tiennent moins bien sur la peau qu’un produit traditionnel”, pointe la spécialiste.

Trouver un produit sain, mais efficace toute la journée relève de la gageure. “Cela fait deux ans que j’essaie de lancer un déodorant, je ne suis toujours pas satisfaite”, reconnaît d’ailleurs l’entrepreneure. Alors, pourquoi ne pas se passer de déodorant? Cela dépend beaucoup des personnes, de leur transpiration, de leurs activités… et de la façon dont leur odeur les indispose ou non. “Certaines femmes transpirent beaucoup lors de la périménopause et ménopause, alors ne pas mettre de déodorant, cela peut les gêner. Et mettre un peu de parfum peut camoufler les mauvaises odeurs, mais seulement quelques heures.”

Quelles sont les bonnes habitudes pour utiliser un déodorant en évitant allergies, rougeurs et picotements?

  • Mettre du déodorant sur une peau propre et sèche. La première étape, c’est d’abord de bien se savonner les aisselles avant de mettre un produit. Car ce sont les bactéries sur votre peau qui produisent et accentuent les odeurs. Attention également à bien sécher cette partie du corps “sinon le produit ne va pas adhérer”, prévient l’experte.
  • Éviter de mettre du déodorant sur une peau épilée. “Après une épilation, à la cire comme au rasoir, la peau est sensible donc mieux vaut attendre une bonne heure pour appliquer un déodorant, sinon ça va piquer et rougir”, suggère-t-elle. Autre possibilité: se raser le soir.
  • Ne pas hésiter à en mettre deux fois. “Pour être vraiment efficace, si vous transpirez beaucoup ou que vous avez prévu de faire une séance de sport, vous pouvez utiliser un anti-transpirant le soir et mettre du déodorant le matin”, reprend-elle. Vous préférez éviter l’anti-transpirant? Vous pouvez glisser un stick discrètement dans votre sac de sport ou casier de bureau pour en remettre en début d’après-midi.
  • Éviter les sprays. “Dans les sprays, il y a des composés organiques volatils qui peuvent être cancérigènes et toxiques pour la reproduction humaine, met-elle en garde. Libérés dans la pièce, ils peuvent être inhalés par la personne.” Elle conseille donc plutôt les déodorants sous forme de roll-on, stick ou crème.
  • Changer de produit en cas d’allergies. Rougeurs, picotements, démangeaisons… Si vous voyez que votre peau réagit mal à un nouveau produit, mieux vaut en changer au plus vite…