Les obligations internationales du Sénégal ont atteint de nouveaux planchers, propulsant le pays dans le territoire de détresse de la dette une zone critique qui lui ferme presque totalement l’accès aux marchés de capitaux mondiaux.
Selon les données de JPMorgan Chase & Co., le spread entre les obligations sénégalaises et les bons du Trésor américain s’est creusé à 1 077 points de base (bps) ce mercredi, un niveau sans précédent. Le franchissement du seuil symbolique des 1 000 bps signale une perte de confiance majeure des investisseurs. Le Sénégal rejoint désormais des pays africains en difficulté comme le Mozambique ou le Gabon, déjà dans cette zone de risque.
Pour Maciej Woznica, gestionnaire de portefeuille chez Coeli Frontier Markets, les obligations sénégalaises s’échangent à des niveaux de stress extrêmes, laissant présager davantage de volatilité, surtout sur les titres à court terme.
Cette tension s’est accentuée après deux événements clés : La mission du FMI s’est achevée la semaine dernière sans accord sur un nouveau programme de financement. Le Premier ministre Ousmane Sonko a écarté toute idée de restructuration de la dette, malgré les inquiétudes sur un endettement jugé opaque.
Ces déclarations ont déclenché une vente massive des eurobonds sénégalais, provoquant une flambée des rendements. L’obligation à échéance 2031 affiche désormais un rendement de 16,87 %, en hausse de 122 bps sur deux jours et de près de 300 bps depuis le 7 novembre.
Selon Mark Bohlund, analyste chez REDD Intelligence, les marchés intègrent désormais une forte probabilité de restructuration, rendant impossible tout retour sur le marché international dans l’immédiat.
Le FMI a indiqué avoir exploré « plusieurs options » avec les autorités sénégalaises, tout en soulignant la nécessité d’une gestion prudente face aux vulnérabilités importantes de la dette.
Malgré la nervosité ambiante, Anthony Simond d’Abrdn Investments estime que la situation du Sénégal ne représente pas un risque systémique pour le continent : « La plupart des économies africaines conservent des perspectives solides, avec des finances publiques plus saines et des réserves en hausse. »
En somme, le Sénégal se retrouve au centre des inquiétudes des marchés émergents, entre crise de confiance financière et bras de fer politique sur la gestion de la dette publique.
