Allergies, asthme, infections : les clés pour respirer à pleins poumons

Exposé aux polluants, au réchauffement climatique et à une circulation accrue des virus, notre appareil respiratoire est sans cesse éprouvé. Focus sur les bons réflexes pour le préserver.

 

Comment redonner du souffle à sa santé respiratoire

Parce qu’elles nous limitent dans nos activités, les maladies respiratoires peuvent être un fardeau. Différents facteurs les favorisent, mais il existe des moyens de s’en protéger.

Les maladies respiratoires sont un vrai enjeu de santé publique. Selon un rapport de la Cour des comptes, remis l’an dernier au Sénat, plus de 10 % des Français sont affectés par une pathologie touchant le système respiratoire. Parmi eux, 4 millions souffrent d’asthme et 3,5 millions de broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO). Cette forte prévalence s’explique par de nombreux facteurs : la sédentarité, le tabagisme et la mauvaise qualité de l’air… mais aussi le dérèglement climatique, qui augmente la dispersion des pollens et la circulation des virus

Gare aux polluants atmosphériques

 Si nous sommes de plus en plus nombreux à souffrir de pathologies respiratoires, c’est d’abord à cause de la pollution atmosphérique. L’air que nous respirons est, en effet, truffé d’un cocktail explosif de gaz, de métaux lourds, de poussières et de particules, notamment celles dites fines, d’un diamètre inférieur à 2,5 microns, qui sont les plus redoutables car elles s’insinuent dans les poumons. « Elles agressent et fragilisent les muqueuses respiratoires qui vont répondre plus facilement par des mécanismes allergiques et inflammatoires. Et elles seront plus réceptives aux infections. Certaines personnes, qui n’étaient pas allergiques, vont le devenir », note le DMaxime Hosotte. Ces composants ultratoxiques vont même jusqu’à modifier la nature des pollens, les rendant plus virulents «  Le diesel, par exemple, brise la capsule protectrice qui entoure le grain de pollen, favorisant la libération d’allergènes », précise-t-il aussi.

Plus de saison pour les pollens  

Si les polluants induisent une mutation des pollens, le changement climatique, en écourtant l’hiver et installant un printemps plus précoce, allonge les saisons polliniques. Selon la région où l’on réside, elle peut durer jusqu’à dix mois sur douze ! « Le redoux arrive plus tôt dans l’année. Confrontés à cette hausse des températures, les plantes sont en stress, en hypervigilance et se reproduisent davantage pour assurer leur survie et produisent donc plus précocement du pollen », détaille le DMaxime HosotteLes périodes d’accalmie deviennent très courtes pour les allergiques. « Les nouvelles politiques d’urbanisme, qui privilégient le fauchage tardif ou l’absence de fauchage des espaces verts y contribuent aussi, car cela permet à des plantes, qui n’en auraient normalement pas eu le temps, de polliniser », pointe le médecin-allergologue. L’augmentation de la température conduit, par ailleurs, à une concentration d’ozone plus dense, qui fait empirer l’asthme et les bronchites chroniques.

Le tabagisme pas encore éradiqué

Grâce à des campagnes offensives de sensibilisation, une meilleure information des patients et l’effet-dissuasif du prix des cigarettes, la population de fumeurs ne cesse de baisser. Moins d’un quart des habitants de notre pays en est encore adepte. Il n’empêche qu’en dépit de ce déclin, le tabagisme reste la première cause de mortalité (évitable) en France, provoquant le décès de 75 000 individus, chaque année. Et il fait courir des risques spécifiques à l’appareil respiratoire, majorant la survenue des maladies infectieuses (bronchites, grippes et pneumonies), inflammatoires, telle la BPCO, allergiques (l’asthme aggravé devient plus fréquent) et de nombreux cancers. «  Les gens savent que ce n’est pas bon pour eux mais continuent quand même. C’est un message qu’il faut répéter car les habitudes sont tenaces », déplore le DMaxime Hosotte. « Et je mets dans le même sac le cannabis et la chicha, qui sont tout aussi irritants et toxiques », complète la Pre Camille Taillé. A contrario, les bienfaits d’un sevrage tabagique sont perceptibles presque instantanément : très rapidement, on observe, entre autres, une diminution des crises d’asthme.

Quand l’excès d’hygiène nuit

Si une mauvaise hygiène est évidemment délétère pour l’organisme, le fait de récurer à l’extrême chaque coin et recoin de notre intérieur pourrait peser dans la survenue des maladies respiratoires car les cellules immunitaires des poumons sont, à la fois, moins nombreuses et moins entraînées quand il s’agit de batailler contre les bactéries. « La variété des agents pathogènes auxquels on est confronté se réduit ; ce qui nous conduit à être plus vulnérables », observe le DMaxime Hosotte. Résultat : l’organisme devient plus fragile et peut réagir de façon excessive à des agents inoffensifs, déclenchant des allergies.

Assainir mieux avec moins

De plus, les composants des produits ménagers sont souvent nocifs. Et plus on utilise de références différentes, plus on met en danger ses poumons ! « Il y a une corrélation qui est établie entre le nombre de produits que l’on utilise et la santé respiratoire. Il faut donc se limiter si possible à l’eau de javel et au savon noir. C’est important car on y est exposé toute la journée », insiste la Pre Camille Taillé. Fuyez les senteurs d’intérieur et bougies parfumées, elles aussi très allergisantes et agressives pour les voies respiratoires. Veillez enfin à aérer quotidiennement votre intérieur et traquer les moisissures, au besoin en misant sur un déshumidificateur, car ces champignons peuvent provoquer ou aggraver l’asthme et les bronchites.

Les réflexes gagnants

Faire du lavage des mains un automatisme paraît être un petit geste, mais c’est un grand pas pour la santé respiratoire. Une méta-analyse effectuée en 2023 pour la Cochrane library montre, en s’appuyant sur 19 études, que cette mesure minore de 14 % du nombre de personnes souffrant d’infections respiratoires aiguës (grippe, covid, etc.), par rapport aux groupes-témoins. L’utilisation d’un masque de protection adapté au travail, par exemple en cas de contact avec des substances diffusés en aérosol, est également important. Il ne faut pas oublier qu’une bonne santé respiratoire se joue baskets aux pieds : l’activité physique améliore les capacités respiratoires, y compris chez celles et ceux qui souffrent d’asthme et de BPCO. Et soignez votre assiette… « Une alimentation de type méditerranéen est bénéfique pour les poumons. Dans le cas de l’asthme, ça permet de minorer l’inflammation », conclut la Pre Camille Taillé.