Le Sénégal accueille le Forum mondial des pêcheurs et des travailleurs de la pêche (Fmptp), une organisation fondée en 1997. Cette rencontre, qui précède la Journée mondiale de la pêche célébrée le 21 novembre, s’est déroulée à Saly. Les acteurs ont profité de cette tribune pour exposer les défis cruciaux auxquels est confrontée la pêche artisanale, notamment la surpêche et la menace croissante des facteurs économiques et environnementaux rapporte le Quotidien.
A ce propos, le directeur de Cabinet de la ministre des Pêches, des infrastructures maritimes et portuaires, qui présidait la cérémonie d’ouverture de cette rencontre, a mis en garde contre l’épuisement des stocks, qu’ils soient pélagiques ou démersaux, et le risque de voir certaines espèces être inscrites sur les listes de la Fiti. Mamadou Goudiaby a exhorté les participants à collaborer étroitement avec les institutions de recherche. «Il faudrait qu’on prenne conscience de cet enjeu. C’est la recherche qui pourra nous dire le niveau d’exploitation de ces espèces, de manière qu’on puisse les exploiter, mais aussi les conserver de manière durable», plaide le Dc de Dr Fatou Diouf.
Le Forum s’est ainsi assigné comme mission fondamentale de «toujours œuvrer à lutter pour le droit des pêcheurs, où qu’ils soient dans le monde, et faire face au système capitaliste, qui impose aux acteurs des politiques contraires à leurs valeurs traditionnelles, favorisant l’argent, le profit par rapport aux moyens de subsistance des pêcheurs. C’est la cause principale de cette organisation», rappelle le co-président du Fmptp. Daouda Ndiaye, par ailleurs vice-président chargé de la communication du Conseil national interprofessionnel de la pêche artisanale au Sénégal (Conipas) et Coordonnateur national du Collectif national des pêcheurs artisanaux du Sénégal (Cnps), a aussi dressé une liste des menaces pesant sur les communautés de pêcheurs artisanaux, allant bien au-delà de la surpêche traditionnelle. Il a pointé du doigt l’exploitation du pétrole et du gaz, le développement des aires marines protégées qu’il considère comme une forme d’exclusion, le transport maritime et le tourisme balnéaire.
Comme autre préoccupation majeure soulevée par M. Ndiaye, c’est l’impact environnemental des pratiques industrielles. «Il y a la pêche industrielle qui détruit nos écosystèmes marins, parce que la mer est la plus grande réserve de carbone au monde. Les chaluts de fond détruisent le carbone au fond de l’océan, libèrent ce carbone et accélèrent le réchauffement climatique», dénonce Doudou Ndiaye. Il positionne ainsi le Fmptp comme une organisation mondiale majeure, regroupant plus de 70 organisations et 29 pays, luttant pour le droit des pêcheurs face aux pressions systémiques.
Ce forum a réaffirmé l’urgence de passer d’une logique d’exploitation à une logique d’aménagement durable. L’appel est clair : la pérennité des stocks halieutiques et la survie des communautés de pêcheurs artisanaux dépendent d’une prise de conscience globale et d’une collaboration accrue entre les pêcheurs, les chercheurs et les institutions internationales pour contrer les menaces écologiques et économiques qui pèsent sur l’océan.
