Publication – Financement de l’entrepreneuriat et de l’emploi en Afrique : Mamadou Yakham Keïta propose un modèle alternatif

Tontine populaire pour l’entrepreneuriat et l’emploi en Afrique» (Teg-Teggi-Tekki en wolof), tel est l’intitulé de l’ouvrage de Mamadou Yakham Keïta. Dans cette publication de plus de 290 pages présentée au public vendredi, le juge Keïta propose une «voie de transformation collective fondée sur les valeurs africaines de solidarité, de responsabilité et de souveraineté économique».

Le Sénégal compte plusieurs initiatives de financement ou bien de promotion de l’emploi, de promotion de l’auto-emploi, d’accompagnement entrepreneurial… Malgré tout, les problèmes liés à l’accès aux crédits, au chômage des jeunes, restent entiers. Face à cette sempiternelle situation, Mamadou Yakham Keïta propose, via un ouvrage intitulé : «Tontine populaire pour l’entrepreneuriat et l’emploi en Afrique – Teg Teggi Tekki, (en wolof)», «une voie de transformation collective fondée sur les valeurs africaines de solidarité, de responsabilité et de souveraineté économique». Il s’adresse à tous les Africains, et plus particulièrement aux Sénégalais, en mettant à leur portée un mécanisme national de financement communautaire, structuré autour d’une tontine mutualiste digitalisée et pilotée par les citoyens eux-mêmes.
L’auteur explique : «Les mécanismes de financement ne nous ressemblent pas pleinement, ne ressemblent pas entièrement à nos sociétés. Est-ce que nous ne devrions pas les adapter à nos réalités socio-culturelles ?
Il faut donc donner à ces mécanismes de financement un socle, un socle humain fort et très puissant. Et ce socle, justement, nous l’avons déjà. Ce socle, c’est la solidarité, c’est le réflexe d’entraide. Chez nous, la solidarité est une réalité. Ça fait partie de notre Adn, nous Africains. Malheureusement, cette solidarité, quoiqu’existante, est fragile. Parce qu’elle vient du cœur. Elle est émotionnelle. C’est la raison pour laquelle nous avons dit que cette solidarité, nous devons l’organiser. Nous devons la moderniser. Nous devons l’institutionnaliser. Parce que, dans l’esprit de Teg Teggi Tekki, la solidarité n’est pas simplement un concept moral. C’est un patrimoine culturel immatériel.»

Cotisations populaires

Ce projet, précise le magistrat, «repose sur un postulat simple : le Sénégal compte environ 18 millions d’habitants. Si chaque citoyen contribuait ne serait-ce qu’1 franc Cfa, cela représenterait 18 millions de francs Cfa. Une contribution de 100 francs par personne permettrait de mobiliser 1, 8 milliard, une somme significative pour lutter contre le chômage, le désœuvrement et le sous-emploi».
Au cœur de ce dispositif, se trouvent les «caisses de collecte, véritable symbole vivant du projet. Conçues pour recueillir la contribution volontaire de 100 francs Cfa par Sénégalais, elles sont bien plus qu’un simple outil de collecte.
Elles constituent une campagne permanente de sensibilisation, une communication par l’image, permettant aux populations de voir, comprendre, adopter et s’engager. Installées dans les quartiers, villages et lieux publics, ces caisses incarneront une mobilisation nationale continue et visible».
L’ancien membre du Conseil constitutionnel, Cheikh Tidiane Coulibaly, qui présidait la cérémonie de présentation de l’ouvrage, ne dit pas le contraire. «Le livre s’inscrit dans un contexte africain marqué par le chômage des jeunes, la migration, les inégalités, la faible inclusion financière, etc. Le modèle proposé est à la fois social, économique et communautaire. Il s’adresse à presque tout le monde, aux acteurs de développement, aux acteurs sociaux, aux acteurs économiques, aux acteurs financiers et à l’ensemble de la société nationale.» Plutôt que de dépendre exclusivement de financements externes ou de modèles importés, l’ouvrage propose des mécanismes prêts pour des mécanismes d’automne ou de mutualisation des économies, comme levier de financement pour l’entrepreneuriat.

Avec le QUOTIDIEN