Le drame survenu à Colombus, dans l’Ohio, continue de bouleverser. Les premiers éléments de l’enquête indiquent en effet que l’incendie ayant coûté la vie à la famille Dièye serait d’origine criminelle et que le principal suspect ne serait autre que Cheikh Dièye, 25 ans, retrouvé mort aux côtés de ses parents dans les décombres. Une hypothèse qui laisse perplexes proches et observateurs.
Interrogés par L’Observateur, plusieurs spécialistes en criminologie et en psychologie tentent d’apporter un éclairage sur ce geste extrême. Le criminologue Pape Khaly Niang estime qu’un tel passage à l’acte ne surgit jamais sans signes préalables. Selon lui, l’isolement lié à l’expatriation peut amplifier des fragilités psychiques, surtout lorsque le quotidien devient source de pression constante, sans accompagnement social ou émotionnel. Ce terreau favorise, dit-il, une perte progressive de repères et de contrôle.
La psychologue Sandrine Diédhiou évoque, elle, l’accumulation de souffrances non prises en charge et la formation de croyances altérées. Dans certains cas, explique-t-elle, une personne en détresse peut en venir à percevoir à tort sa propre famille comme la cause de son mal-être. S’immoler et entraîner les siens dans les flammes traduit, selon elle, un désespoir d’une rare intensité et une détresse psychique souvent invisible.
Pour le psychologue Serigne Mor Mbaye, le drame doit également être replacé dans le contexte plus large des familles migrantes. Les difficultés identitaires, fréquentes chez les jeunes issus de l’immigration et tiraillés entre deux cultures, peuvent fragiliser leur équilibre psychologique. En cas de crise aiguë chez un individu vulnérable, le basculement peut survenir sans que l’entourage ne perçoive quoi que ce soit.
Tous les experts convergent : ces actes extrêmes émergent souvent derrière une façade de normalité. Seule une analyse approfondie du parcours psychologique, familial et social de Cheikh Dièye permettra de comprendre ce qui a mené à cette tragédie.
À noter que, selon Les Échos, près de vingt appels au 911 ont été enregistrés en trois ans pour des disputes et troubles domestiques au sein du foyer Dièye, révélant un climat familial particulièrement tendu.
