Ousmane Sonko et les membres de son gouvernement sont attendus vendredi à l’Assemblée nationale pour une séance de questions d’actualité. Mais une partie des députés non-inscrits, ainsi que l’ensemble du groupe parlementaire Takku Wallu Sénégal, ont décidé de ne pas y prendre part.
Dans un communiqué conjoint signé par Me Aïssata Tall Sall, présidente du groupe Takku Wallu, et la députée non-inscrite Anta Babacar Ngom, l’opposition explique que cette décision vise à « protéger la dignité de l’institution, préserver le cadre républicain du débat parlementaire et refuser la banalisation de pratiques qui la dévalorisent ».
Selon ces élus, les questions d’actualité ont été détournées de leur vocation initiale. Ils reprochent au Premier ministre d’intervenir « selon une logique d’opportunité politique », en décalage avec le calendrier parlementaire et la solennité de l’exercice. Ils l’accusent également d’utiliser cette tribune pour lancer « attaques et insinuations », transformant l’hémicycle en « scène de confrontation partisane » plutôt qu’en espace d’échanges utiles aux préoccupations des citoyens.
À la veille de l’ouverture de la session budgétaire, l’opposition estime que la seule urgence est le vote du budget de l’État, crucial pour aborder les dossiers prioritaires : éducation, santé, sécurité, emploi ou encore pouvoir d’achat. Les députés appellent donc à concentrer les efforts sur cette séquence déterminante.
Ils rejettent aussi fermement le canevas retenu pour l’exercice, décrit comme un « code de conduite imposé » comprenant une limitation à seulement 13 questions pour plus de 25 ministères, une répartition « déséquilibrée » du temps de parole, ainsi qu’un dispositif permettant au groupe PASTEF d’enchaîner trois questions avec réponses du Premier ministre avant toute intervention de l’opposition. Un schéma jugé « orienté vers la communication du gouvernement » plutôt que vers un véritable débat.
Trois autres motifs justifient le boycott: d’abord, la conviction que le Premier ministre aurait fait convoquer l’Assemblée « selon son bon vouloir et son propre agenda politique », ce que les députés jugent inacceptable , ensuite, sa volonté présumée de transformer l’hémicycle en « tribune de meeting politique » , enfin, l’urgence de répondre aux difficultés quotidiennes des populations, qui devrait selon eux primer sur toute autre considération.
