Le président américain doit annoncer mardi si son pays dénonce, ou pas, le texte de 2015, « l’un des pires » que les Etats-Unis aient signés, a-t-il répété à de nombreuses reprises.
Depuis des mois, le président des Etats-Unis dénonce l’accord sur le nucléaire iranien (Joint Comprehensive Plan of Action, ou JCPOA) conclu en juillet 2015 par l’administration américaine précédente avec l’Iran, mais aussi les trois pays européens historiquement à l’origine de la négociation (Allemagne, France, Royaume-Uni) et les deux autres membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (Chine et Russie).
Donald Trump a détaillé ses arguments le 13 octobre dans un discours sur sa « stratégie iranienne » qui a coïncidé avec la première prise de distance concrète vis-à-vis de ce compromis historique. Répétés avec constance, ils plaident tous pour une sortie unilatérale des Etats-Unis de cet accord que le président pourrait annoncer mardi 8 mai.
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Un accord mal négocié
Conclu par son prédécesseur démocrate, Barack Obama, dont il ne cesse de remettre en cause l’héritage politique, cet accord est présenté comme « l’un des pires et des plus partiaux (…) que les Etats-Unis aient jamais conclus ». Donald Trump, qui n’a cessé pendant la campagne de mettre en avant ses talents de négociateur, estime que « le même état d’esprit qui a produit cet accord est responsable des années de terribles accords commerciaux qui ont sacrifié tant de millions d’emplois dans notre pays au profit d’autres pays ». « Nous avons besoin de négociateurs qui représenteront beaucoup plus fortement les intérêts de l’Amérique », ajoute-t-il le 13 octobre. Ce même jour, il refuse d’ailleurs de certifier que le JCPOA est conforme « aux intérêts de sécurité nationale des Etats-Unis », comme le Congrès en a fait l’obligation au pouvoir exécutif.
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Une aubaine financière pour le régime iranien
L’image frappe les esprits et Donald Trump l’a convoquée plus d’une fois, en meeting électoral comme récemment devant le président de la République française, Emmanuel Macron, le 24 avril, ou avec la chancelière allemande, Angela Merkel, trois jours plus tard. Le JCPOA s’est traduit pour l’Iran par une manne, avec notamment la somme de 1,8 milliard de dollars versée en liquide. « Imaginez ces énormes piles d’argent », avait-il dit le 13 octobre, précisant plus tard, aux côtés de son homologue français, que cet argent avait été empilé dans « des fûts » et « des boîtes » et transporté par avion. Le président des États-Unis mentionne également « un coup de pouce financier immédiat de plus de 100 milliards de dollars » versés au profit du gouvernement iranien, « utilisables pour financer le terrorisme ».
Donald Trump ne donne jamais d’indication sur la nature de ces sommes dont personne ne peut dire à quoi elles ont été employées. La plus importante correspond à des avoirs iraniens gelés dans le cadre des sanctions liées au programme nucléaire militaire que l’Iran était soupçonné de développer. Mais les estimations sur le montant total de ces avoirs fluctuent.
Les républicains hostiles à l’accord mentionnent souvent 150 milliards, une somme évoquée par Barack Obama avant la conclusion de l’accord dans un entretien au magazine The Atlantic, dans le cadre d’une démonstration contestant qu’ils puissent être exclusivement utilisés pour des activités subversives. Le secrétaire au Trésor du président démocrate, Jack Lew, a révisé à la baisse ce montant, fixé à 56 milliards de dollars, une fois l’accord conclu.
La somme de 1,8 milliard de dollars correspond à l’avance versée par l’Iran, avant la révolution islamique de 1979, pour des achats d’armes qui ne s’étaient jamais concrétisés. Il s’agissait d’un montant initial de 400 millions de dollars auxquels les États-Unis ont ajouté des intérêts après négociations. Le versement en liquide, en devises étrangères, a été justifié par l’administration Obama par le fait que l’Iran était à cette date toujours isolé du système financier international du fait des sanctions adoptées auparavant.
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Un accord sans garde-fou après l’échéance de 2025
Selon Donald Trump, les gains de l’accord ne sont que temporaires. « Dans quelques années, alors que les principales restrictions auront disparu, l’Iran pourra obtenir rapidement des armes nucléaires », assure-t-il. « En d’autres termes, nous n’avons obtenu que des inspections faibles » assurées par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) « en échange d’un répit momentané », dénonce-t-il le 13 octobre.
« Dans sept ans, cet accord aura expiré et l’Iran pourra, selon lui, développer des armes nucléaires. » « Ce n’est pas acceptable, sept ans, c’est demain », a-t-il répété le 30 avril. Le président des États-Unis, qui sous-évalue systématiquement l’efficacité du mécanisme de contrôle mis en place par le JCPOA passe sous silence le fait qu’il permet à l’AIEA de surveiller pendant vingt ans le parc de centrifugeuses utilisées pour l’enrichissement de l’uranium et pendant vingt-cinq ans de la production de concentré d’uranium. L’Iran reste par ailleurs signataire du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires qui lui interdit de développer un programme militaire.
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Un accord sans influence sur le comportement régional de l’Iran
Pour Donald Trump, le pari de Barack Obama était que le JCPOA contribue à « la paix et la sécurité régionale et internationale » en réinsérant l’Iran dans le concert des nations. Moins de trois ans après son entrée en vigueur, au contraire, « le régime iranien continue d’alimenter les conflits, la terreur et la tourmente dans tout le Moyen-Orient et au-delà », assure le président des Etats-Unis le 13 octobre. « L’Iran ne respecte pas l’esprit de l’accord », conclut-il.
Le compromis de juillet 2015, limité au programme nucléaire, ne comporte cependant aucune disposition liée au rôle régional de la République islamique, pas plus que pour ses activités balistiques qui inquiètent les Etats-Unis comme leurs alliés européens et régionaux. Et l’influence de l’Iran ne pourra par ailleurs que grandir si Donald Trump retire rapidement les forces spéciales américaines actuellement déployées dans le nord-est de la Syrie, comme il l’a assuré récemment.
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