Fer de lance du Sénégal, l’attaquant de Liverpool entend surfer sur sa lancée pour porter loin les Lions de la Teranga.
Sa remarquable saison à Liverpool a été quelque peu éclipsée par l’année XXL de son coéquipier égyptien Mohamed Salah, meilleur joueur et buteur de Premier League. Mais Sadio Mané, vingt-six ans, reste sur une saison remarquable avec les Reds, au point de susciter un très fort intérêt de la part des dirigeants du Real Madrid.
À la veille du plus beau défi de sa carrière, l’attaquant révélé à Metz a accepté de se confier à France Football en wolof, en français (beaucoup) et en anglais (un peu).
Être à la Coupe du monde
«C’est incroyable. Un rêve de gamin qui se réalise. Je vais jouer la Coupe du monde à fond pour rendre mon peuple fier. Pour que notre équipe fasse aussi bien que nos aînés de 2002 (NDLR: quarts de finale).
Le groupe H
«Je pense que c’est un groupe dans lequel toutes les équipes (Colombie, Japon et Pologne) possèdent des atouts. Chacune peut viser une qualification pour les huitièmes de finale.
Tout est possible, et le premier match va être presque décisif pour tout le monde (le Sénégal rencontre la Pologne ce mardi). Nous, on va respecter tous nos adversaires tout en restant concentrés sur nous-mêmes et prendre les matches les uns après les autres pour y arriver. Dans ce groupe, il n’y a pas de favori ou de petite équipe, toutes les équipes ont des joueurs qui peuvent faire la différence, même si la Colombie et la Pologne ont peut-être plus d’expérience.
Les adversaires du premier tour
«Franchement, je ne connais pas les joueurs que l’on va rencontrer, ou très peu. La Colombie, on sait tous qu’il y a de grands joueurs dans les grands championnats, Radamel Falcao, James Rodriguez. Il y a aussi Robert Lewandowski en Pologne. Le Japon, je ne connais pas trop l’équipe. Je pense que c’est une bonne équipe, très disciplinée dans le jeu, c’est le souvenir que j’ai. Il n’y a plus de petite équipe, de toute façon.
Ses favoris pour le Mondial
«Je dirais l’Allemagne et le Brésil en premier. Ils ont l’expérience, de grands joueurs. Mais je crois que des équipes comme l’Espagne et la France peuvent aussi créer la surprise.
Ses ambitions en Russie
«Moi, je n’ai pas d’ambition particulière. Je vais réaliser un rêve de gamin en jouant la Coupe du monde, si tout se passe bien… Après, nous sommes une équipe et nous tirons tous dans le même sens. Comme je l’ai souvent dit, jouer une Coupe du monde, ça n’arrive pas tout le temps. Donc on va essayer de profiter de toutes les secondes pour rendre fier notre peuple. On va tenter d’aller le plus loin possible parce que nous avons envie d’écrire notre propre histoire.
La pression
«Personnellement, je ne la sens pas, ou bien elle est positive. Je n’ai pas peur de la pression, quels que soient le contexte et l’adversaire. J’essaie d’être concentré tous les jours à l’entraînement, en match. De prendre du plaisir, de jouer mon football. Être au Mondial, c’est une fierté.
Le numéro 10
«C’est mon numéro préféré. Tout petit, j’aimais beaucoup Ronaldinho, qui portait le numéro 10, lui aussi. Et depuis que j’ai commencé à jouer au football, j’ai très souvent évolué en numéro 10 ou avec le numéro 10. Cela m’a suivi un peu partout.
Succéder à Fadiga
«En 2002, le numéro 10 du Sénégal, c’était lui, Khalilou Fadiga, un grand joueur qui a fait rêver tous les Sénégalais, et moi aussi. C’était l’un des leaders de cette génération qui a marqué l’histoire de notre football. Ils nous ont fait aimer le maillot national. Grâce à eux, on parle encore aujourd’hui de l’exploit du Sénégal face à la France. Je ne le connais pas personnellement, mais chaque fois que l’on s’est croisés, j’ai apprécié nos échanges, ses conseils. Si je pouvais prendre quelque chose de lui, ce serait son pied gauche, sa qualité de centre et ses coups francs. Après, pour tout dire, je l’aimais bien mais nous n’avons pas le même style. Moi, c’est El Hadji Diouf qui m’attirait le plus.
La Coupe du monde 2002
«C’était fantastique, cette Coupe du monde. Même si on n’avait pas de télé, chez moi, il y avait la radio. Ensuite, j’ai dû voir et revoir plusieurs fois les actions des matches contre la France (1-0), le Danemark (1-1) ou la Suède (2-1, but en or). Ces joueurs, ce sont des héros pour moi. El Hadji Diouf, Khalilou Fadiga, Salif Diao et tous les autres, ce sont des joueurs exceptionnels. Ils ont montré la voie aux jeunes Sénégalais qui rêvaient de jouer dans les grands clubs européens.»
Mohamed Salah
«Avec Mo, nos relations sont très bonnes. On s’entend bien sur le terrain et en dehors. On passe beaucoup de temps ensemble. Je suis sûr que Mo a les qualités pour devenir le meilleur joueur au monde. À mon avis, il peut gagner le Ballon d’Or. Et je le lui souhaite.
Naby Keita, futur Red
«Naby, je le connais très bien, c’est plus qu’un ami, c’est un frère. On s’est déjà côtoyés au Red Bull Salzbourg (en 2013-14). On se parle souvent au téléphone. Il sera le bienvenu. C’est un joueur talentueux qui va beaucoup apporter à Liverpool.»