La députée kurde, Leyla Güven, en grève de la faim depuis 79 jours a été remise en liberté sous contrôle judiciaire par un tribunal turc. L’élue protestait contre les conditions de détention du chef historique du Parti des travailleurs du Kurdistan.
La députée kurde en grève de la faim depuis 79 jours a été remise en liberté sous contrôle judiciaire par un tribunal turc, vendredi 25 janvier. La décision de libérer Leyla Güven, détenue depuis janvier 2018, a été prise par un tribunal de Diyarbakir, principale ville à majorité kurde dans le sud-est de la Turquie.
“Sa vie en danger”
Leyla Güven, 55 ans, n’était pas présente à l’audience à laquelle ont assisté des représentants de plusieurs partis européens de gauche venus exprimer leur solidarité avec l’élue kurde.
Leyla Güven avait entamé une grève de la faim en prison le 8 novembre 2018 pour protester contre les conditions de détention d’Abdullah Öcalan, le chef historique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui purge une peine de prison à vie dans une île proche d’Istanbul après avoir été capturé par la Turquie en 1999.
La formation de Leyla Güven, le Parti démocratique des peuples (HDP), avait affirmé le 10 janvier que sa santé s’était dégradée à un point “mettant sa vie en danger”. Selon le HDP, Leyla Güven a perdu “quelque 15 kilos” depuis le début de sa grève de la faim et “ne peut plus subvenir à ses besoins ou marcher seule”. Son rythme cardiaque et sa pression artérielle sont très bas et “elle ne peut plus consommer de liquides, y compris l’eau”, avait ajouté le HDP dans un communiqué.
Prisonniers politiques
Leyla Güven a été arrêtée en janvier 2018, après avoir critiqué l’offensive turque qui était alors en cours dans l’enclave à majorité kurde d’Afrine dans le nord de la Syrie.
Le HDP avait fait porter au gouvernement turc la responsabilité “pour toutes les conséquences négatives découlant de la protestation de Leyla Güven et les autres militants qui poursuivent leur grève de la faim en prison”.
Selon le HDP, des dizaines de “prisonniers politiques” ont observé des grèves de la faim dans les prisons turques pour protester contre “le maintien à l’isolement” d’Abdullah Öcalan dans sa prison sur l’île d’Imrali.
“Incitation à commettre des crimes”
Le président turc Recep Tayyip Erdogan accuse le HDP d’être la vitrine politique du PKK, classé “terroriste” par Ankara et ses alliés occidentaux.
Le chef de file du HDP, Selahattin Demirtas est détenu depuis novembre 2016. Il est accusé de diriger une “organisation terroriste”, de “propagande terroriste” et d'”incitation à commettre des crimes”.
Le HDP a été frappé de plein fouet par les purges qui ont suivi la tentative de putsch de juillet 2016 et, outre Selahattin Demirtas, plusieurs de ses députés ont été arrêtés.
En France, le chef de file des Insoumis Jean-Luc Mélenchon avait adressé samedi une lettre ouverte au ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian pour lui demander “d’intervenir” en faveur de la députée.
Avec AFP