Que ne feront pas nos députés pour des privilèges ? Cette question s’impose, parce que dans leur recherche effrénée de prébendes, ils sont prêts à tout, même enjamber leur honorabilité pour sacrifier l’intérêt du peuple qu’ils sont censés défendre pp0 sur l’autel de leurs intérêts immédiats. Si l’on se fie au compte rendu dans la presse de la rencontre entre le président et les députés de la majorité et qui mentionne le cas d’un député qui suggérait à son bienfaiteur de président de briguer un troisième mandat. Comme si ce député n’avait pas bien retenu la leçon du 23 juin. Voulait-il jouer au pyromane qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Mais, il semble que les députés n’en ont cure, tout ce qui leur importe, c’est de se remplir les poches, encore et toujours. D’ailleurs, au cours de l’audience que le chef de l’État leur a accordée, les députés mange-milliards ont encore exposé leurs doléances avec comme prétexte que leurs homologues des autres pays de l’Afrique de l’Ouest ont un «meilleur traitement.»
Sachant qu’ils sont toujours dans le besoin, leur mentor les arrose chaque fois que de besoin pour faire passer ses lois comme lettre à La poste. D’ailleurs, dans le compte rendu par la presse à l’issue de cette audience, Macky Sall aurait remis «16 billets pour le pèlerinage à La Mecque et un million à chaque député». Un cadeau «suspect» si l’on sait qu’il s’apprête à faire voter la loi portant suppression du poste de Pm. Donc en acceptant ce cadeau, les députés n’ont pas fait preuve d’honorabilité face aux populations qu’elles sont censées servir. Pouvait-il en être autrement si l’on sait que souvent, ce sont des politiciens de faible niveau intellectuel, qui sont élus députés par la forme du scrutin et qui pensent que la seule manière de se rendre utile est de voter les yeux fermés les lois, aussi impopulaires soient elles de Macky Sall.
Pourtant, les députés sont supposés contrôler l’ action du gouvernement, être à l’écoute de leurs mandants et voter des lois qui résolvent leurs problèmes. Mais que nenni ! De Senghor à Macky en passant par Diouf et Wade, aucune législature n’a dérogé à ce qui semble être une règle établie : se servir et non servir. C’est comme si, malgré les pouvoirs qui se sont succédé, l’Assemblée nationale est restée une chambre de mercantis où les députés ont toujours bradé les intérêts du peuple sans état d’âme. Pour rappel, en 1962, quand Senghor a voulu se défaire de Mamadou Dia, il s’est appuyé sur les députés «affairistes» pour le liquider. Ces députés s’étaient octroyés, des augmentations de salaire, avaient pris des crédits dans des banques (qu’ils ne remboursaient pas) et des actions dans des sociétés anonymes, directement ou par l’intermédiaire de leurs femmes ou de leurs enfants. Tout ceci était contraire à la ligne politique du parti. Mamadou Dia leur demanda à plusieurs reprises de rembourser leurs crédits et de rendre leurs actions, mais en vain. Le Président Senghor, sachant qu’il serait mis en minorité devant le parti le 20 décembre, va encourager ses amis députés à déposer et à voter une motion de censure au niveau de l’Assemblée nationale pour destituer le Président du Conseil. Depuis lors, il semble que le ver s’est incrusté dans le fruit, car toutes les législatures se suivent et se ressemblent. Les députés sont bien pris en charge par le pouvoir avec des avantages sans commune mesure avec leur productivité. C’est pourquoi tous ceux qui, dans l’hémicycle, rament à contre courant de la volonté de leur bienfaiteur sont insultés, malmenés, vilipendés, hués etc. Chose bizarre, quand les politiciens sont dans l’opposition, ils déplorent tous le fait que le pouvoir profite sans état d’âme de sa majorité mécanique pour écraser les intérêts des populations. Ce qui fait qu’ils promettent toujours de revoir le mode de scrutin. Mais curieusement, une fois au pouvoir, ils reconduisent les mêmes travers. L’exemple le plus illustratif reste celui de Moustapha Niasse, qui le 23 juin 2011, armé d’une grosse pierre, avait pris d’assaut l’Assemblée nationale pour barrer la route au vote de la loi contre le ticket présidentiel que voulait imposer Wade.
Aujourd’hui, c’est ce même Niasse qui trône au perchoir pour ouvrir la voie de passage aux lois impopulaires comme le parrainage et autres à son nouvel allié et bienfaiteur. Un éternel recommencement…