Les habitants du village de Barale-Ndiaye, dans la commune de Sakkal (Louga) ont tenu mercredi un sit-in pour exiger des autorités de l’entreprise InnoVent, qui exploite une centrale solaire sur son territoire, le respect de ses engagements à leur égard, a constaté l’APS.
Les villageois ont organisé leur manifestation devant le site abritant la centrale, dont l’entreprise InnoVent a commencé l’exploitation depuis juillet 2018.
En vertu d’une convention, l’entreprise devait verser chaque année à la commune, une subvention de 20 millions de francs CFA, construire une ferme agricole et 10 écoles publiques et recruter des jeunes du village dans l’entreprise, selon les protestataires.
Selon les populations qui exigent également l’extension du réseau électrique à tout le village, ces engagements de l’entreprise n’ont pas été respectés.
Ainsi, pour exprimer leur colère relative à cette situation, elles étaient plusieurs dizaines de personnes à s’être donné rendez-vous devant l’entrée de la centrale solaire.
Brassards et foulards rouges sur la tête ou autour des reins, ils ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : “Les travailleurs de la centrale espèrent un plan de carrière sur 25 ans”, “Les impactés de Barale exigent le respect des engagements de la société”, “Pour un versement intégral et immédiat de la redevance annuelle”.
“La construction de la centrale a suscité chez les populations, un grand espoir de sortir la commune de la pauvreté, de créer des emplois pour les jeunes et propulser la commune vers le développement rapide”, a expliqué le maire de la commune de Sakkal, Cheikh Birahim Diagne, qui a pris part au sit-in.
Il a rappelé que la SENELEC, qui gérait la centrale au début, s’était engagée à verser à la commune, chaque année, 25 millions de FCFA. Mais à cause du plan “Takkal”, la SENELEC a perdu la gestion de la centrale et la ville s’est retrouvée avec une subvention annuelle de 7 millions.
“Ensuite, l’OMVS est devenue propriétaire et on s’était retrouvé avec rien. Dans la même période, InnoVent est venu s’implanter et nous comptions sur elle pour récupérer ce qu’on avait perdu. Nous avons négocié avec elle longuement et on a eu des accords signés, approuvés par le sous-préfet”, a-t-il rappelé.
“Aujourd’hui, seules deux écoles ont été construites. Pour le paiement de la subvention de 20 millions de FCFA par an, ils ont dit qu’ils ne pouvaient commencer le paiement qu’à partir de la date d’exploitation, alors que cela fait trois ans qu’on a mis les terres à leur disposition et qu’ils fournissent à la SENELLEC une bonne partie de leur énergie”, a dit M. Diagne
Des habitants du village de Barale ont cédé leurs terres pour l’implantation de la centrale solaire sur 40 hectares.
Parlant au nom des populations impactées, Alassane Diagne a exigé le respect des engagements pris par InnoVent, afin que les personnes ayant perdu leurs terres puissent trouver des moyens de subsistance.
Toutefois, le responsable pays pour le groupe InnoVent, Andrés Coly, s’est inscrit en faux contre les allégations des manifestants.
Il assure que l’entreprise a payé, sur la base d’un dossier présenté par le maire et le préfet, une redevance de 84 millions de francs CFA à 16 familles. “Donc, sur cette affaire, il n’y a pas de spoliation de terres”, a-t-il précisé.
Il a indiqué que comme promis, la ferme agricole a été installée, le matériel acheté, le premier poulailler construit et l’énergie solaire installée. Il a ajouté qu’un protocole d’accord a été signé avec le service des eaux et forêts.
S’agissant de la subvention de 60 millions réclamée par les populations, Andrés Coly explique que InnoVent a pris en cours le projet de la centrale. Selon lui, le premier promoteur qui avait pris des engagements avec le maire a été payé pour qu’il puisse honorer ses engagements.
“Nous leur (populations) avons dit que nous allons continuer à payer ces 20 millions FCFA comme le faisait l’ancien promoteur, mais à partir du démarrage de l’exploitation de la centrale. Nous avons démarré en juillet 2018”, a-t-il dit.
“Le protocole a été envoyé au maire de Sakkal depuis 6 mois pour qu’on leur donne leur 20 millions de FCFA, mais il refuse de signer parce qu’il exige qu’on leur paie 60 millions de FCFA”, a-t-il expliqué.
Concerant la dizaine d’écoles que devait construire l’entreprise, M. Coly a affirmé que la liste des écoles a été établie.
“Nous avons commencé avec deux écoles et cela ne veut pas dire qu’on va construire les autres dans la même période”, a-t-il soutenu.
S’agissant de l’extension du réseau exigé par les populations, Andrés Coly précise que l’entreprise n’avait pas pris un tel engagement.