Déployée au Sénégal du 15 janvier au 17 mars 2019, la Mission d’observation électorale de l’Union européenne (Moe Ue) a publié son rapport final sur l’élection présidentielle du 24 février dernier lors d’une conférence de presse tenue hier à Dakar. Ce rapport de 77 pages intègre une analyse détaillée du processus électoral ainsi que des recommandations techniques pour l’amélioration des scrutins futurs, dont huit sont jugées prioritaires.
À ce titre, la Mission d’observation électorale de l’Union européenne estime que «le scrutin s’est déroulé dans le calme et de manière globalement transparente». Elle déplore toutefois le fait que l’élection se soit «déroulée sur fond de désaccord entre forces politiques sur une réforme électorale mettant en place un système de parrainage-citoyen pour tous les candidats». À ce propos, la Moe Ue préconise l’abandon du parrainage-citoyen pour les élections locales, car son application poserait des problèmes politiques et organisationnels sérieux. «Nous recommandons également de mener une réflexion d’ensemble sur les dispositifs du parrainage-citoyen pour les élections présidentielle et législatives», a insisté Elena Valenciano, la cheffe de la mission d’observation.
Le rapport ajoute que le processus de vérification de la conformité des signatures a été perçu comme comportant trop de «zones grises» pour permettre toute la transparence nécessaire et donc, pour bénéficier de la confiance de toutes les parties. Dans un autre registre, la Mission d’observation électorale de l’Ue recommande également de garantir la neutralité et l’efficacité de la Cena dans la supervision du processus électoral ; de permettre l’accès au fichier électoral à tout moment pour les partis politiques dans des conditions appropriées, disposition qualifiée de «mesure de confiance et de transparence» ; de renforcer l’efficacité des commissions de distribution des cartes d’électeur et d’assurer la traçabilité de leur distribution. Enfin, les observateurs de l’Ue recommandent de garantir des conditions de campagne équitables en envisageant notamment un système de financement public des partis politiques encadré par une institution indépendante, et d’accroître la neutralité et l’efficacité du Cnra dans la supervision des médias en période électorale.
Si le rapport rappelle que le scrutin, le dépouillement des votes et le recensement des résultats ont généralement été évalués positivement par les observateurs de l’Ue, il insiste toutefois sur le manque de confiance dans le processus électoral de la part des candidats de l’opposition et de certains acteurs de la société civile. En règle générale, l’organisation des élections a été menée dans le respect des règles et délais prescrits dans la loi, bénéficiant d’un cadre administratif de qualité et de fonctionnaires bien formés. On constate néanmoins certaines pratiques ne favorisant pas toujours la transparence et traduisant une certaine désorganisation, notamment dans la distribution des cartes. Les observateurs de l’Ue notent par ailleurs que la campagne a été active et libre, même si marquée par une grande disparité de moyens entre les candidats.