Les agences des Nations unies et les Ong internationales humanitaires ont indiqué hier que l’escalade de la violence armée dans le Sahel engendre des déplacements forcés et des urgences humanitaires de niveaux sans précédents. Ils ont appelé à un soutien renforcé et à des efforts accrus pour s’attaquer aux causes profondes des crises dans la région. À travers un communiqué parvenu à la rédaction, le bureau pour la coordination des affaires humanitaires des Nations unies indique qu’en un an, environ un million de personnes ont dû fuir leur foyer en raison de l’insécurité et de la violence. «Au Burkina Faso, au Mali et dans l’ouest du Niger, le nombre de déplacés a quintuplé ; et le bassin du Lac Tchad connaît de nouvelles attaques et de nouveaux pics de déplacements. À travers le Sahel, 4,2 millions de personnes se retrouvent aujourd’hui en situation de déplacement forcé», précise la même source. Abondant dans le même sens, Chris Nikoi, le Directeur régional du Programme alimentaire mondial (Pam) estime que l’impact de la crise, dans l’une des régions les plus vulnérables du monde, est dramatique. Notamment parce que l’ampleur et l’intensité des violences ont laissé des communautés dans un état de dévastation indescriptible. «Des millions de personnes tentent encore de se remettre de la crise alimentaire et nutritionnelle qui les a frappées de plein fouet l’an dernier. La période de soudure avançant à grand pas, nous devons fournir une aide rapide et soutenue pour sauver des vies et éviter une crise plus profonde», ajoute-t-il.
D’après le bureau pour la coordination des affaires humanitaires des Nations unies, la violence perturbe les moyens de subsistance et aggrave l’impact des vulnérabilités chroniques, telles que l’insécurité alimentaire, la malnutrition et les épidémies, dans les communautés affectées au Burkina Faso, au Mali, au Niger, au Cameroun (Extrême-Nord), au Tchad, et dans le nord-est du Nigeria. De fait, plus de sept millions de personnes sont en proie à l’insécurité alimentaire. La malnutrition menace la vie de cinq millions d’enfants, tandis que le secteur de l’éducation est également durement touché. Plus de 4000 écoles ont été fermées ou ne fonctionnent pas et 900.000 élèves sont impactés. Bien que les conflits et leurs effets dévastateurs affligent le Sahel depuis de nombreuses années, l’insécurité ne s’est jamais propagée si rapidement, dans des régions aussi vastes, ni touché un si grand nombre de personnes. Le risque de débordements au-delà du Sahel, vers les pays côtiers, est bien réel. La communauté humanitaire a besoin d’un financement total de 2,4 milliards de dollars pour porter assistance à 15,3 millions de personnes à travers le Sahel cette année. En juin, moins d’un quart des fonds avaient été reçus. «Si nous voulons inverser la tendance dans le Sahel, il faut modifier l’approche actuelle, majoritairement sécuritaire», a expliqué Mamadou Diop, Directeur régional d’Action contre la faim (Acf). Il ajoute qu’il est impératif, sous ce rapport, de garantir l’accès des populations aux services de base, en particulier dans les zones touchées par le conflit, où les besoins dépassent les ressources disponibles. Ce qui induit selon lui, la disponibilité d’un financement flexible pour renforcer la résilience et s’atteler aux causes profondes des crises.