Avec une croissance de 7% en 2020 et un déficit budgétaire stabilisé à 3%, le Sénégal présente des perspectives économiques favorables à moyen terme selon le Fonds monétaire international. Elles devront toutefois être arrimées à des mesures telles que le renforcement des infrastructures et du capital humain, la réforme du Code du travail ou encore la modernisation de la justice commerciale.
À l’issue d’une mission effectuée du 12 au 23 septembre dernier à Dakar, dans le cadre de la mise en œuvre d’un programme triennal soutenu par l’Instrument de coordination des politiques économiques (Icpe), le Fonds monétaire international (Fmi) a décerné un satisfecit au Sénégal pour ce qui a trait à la stabilité de ses agrégats macroéconomiques.
C’est du moins ce qui ressort de la conférence de presse tenue hier après-midi par la cheffe de mission Corinne Deléchat au siège dakarois du Fonds monétaire international. «Les perspectives économiques à moyen terme restent favorables. La croissance devrait passer de 6% en 2019 à 7% en 2020-21, tirée par l’investissement privé, avant de connaître un nouvel élan avec le début de la production commerciale des hydrocarbures en 2022. L’inflation devrait rester faible à moyen terme. Le déficit de la balance courante augmenterait jusqu’en 2021 du fait des importations nécessaires pour la construction des projets d’hydrocarbures et enregistrerait une baisse au démarrage de la production et de l’exportation du pétrole et du gaz», assure Corinne Deléchat.
Elle ajoute, dans la même veine, que conformément aux objectifs de convergence de l’Uemoa, le gouvernement entend maintenir la cible du déficit budgétaire de 3% en 2019 comme pour les années à venir, tout en assurant le règlement de ses obligations envers le secteur privé. Selon Corinne Deléchat, le cadre budgétaire de 2019 comprend également une opération ponctuelle visant à régler les obligations impayées vis-à-vis de la compagnie nationale d’électricité, Senelec. Ainsi, des mesures de court terme ont été déployées afin d’accroître le rythme de recouvrement des recettes et atteindre les objectifs de la loi de finances rectificative de juillet 2019. Mme Deléchat ajoute que la préparation du budget 2020 s’appuie sur la poursuite des efforts visant à accroître la mobilisation des recettes ainsi que la rationalisation des dépenses de fonctionnement de l’État en tenant compte de la nécessité de prendre en charge les précédents engagements financiers de l’État.
Revenant sur la teneur de l’Instrument de coordination des politiques économiques, elle assure qu’il accompagnera la mise en œuvre de la seconde phase du Plan Sénégal émergent. Il vise notamment à atteindre une croissance soutenue et inclusive, tirée principalement par le secteur privé, à renforcer la stabilité macroéconomique par le maintien de la viabilité des finances publiques et la gestion prudente de la dette. À travers ce programme, les autorités visent également l’instauration d’une gestion soutenable et transparente des récentes découvertes d’hydrocarbures.
Le Fmi laisse entendre, du reste, que le premier pilier de l’Icpe vise à accélérer le développement du secteur privé pour une croissance forte et inclusive. Cette stratégie repose sur la modernisation des infrastructures et le renforcement du capital humain ; l’amélioration de l’environnement des affaires par la rénovation du cadre juridique, et notamment par la réforme du Code du travail, la facilitation de l’accès au foncier et la modernisation de la justice commerciale. Sans compter l’élargissement de l’accès au financement des entreprises privées, et en particulier, celui des petites et moyennes entreprises.
En outre, le gouvernement s’est fixé pour objectif de réduire les disparités économique et sociales entre zones urbaines et rurales, et d’accroître les opportunités économiques pour les jeunes et les femmes.